Archives mensuelles de juin, 2012

In these five hundred days she
has learnt how to button up
and down, down, down.
One circle at a time, slowly,
painfully, she would get rid of
words that she thought defined her
self, on, and on, and on.

Sometimes the thread was off the hole.
Sometimes the plastic marked under her nail
like a bite at some body part
she had forgotten she had.
Sometimes one edge was off the other
like envy had swallowed up
eyes she had forgotten she had.

She kept stripping anyway
layers of clothes, on the floor
her feet felt no more sure than they were.

She kept ripping anyway
layers of skin, under her nails
what was once bitten was no more – oblivion.

What was she flashing about?
What was she fleshing about?

Sometimes the breast was off the shirt.
Sometimes the strap marked down to her collar
bone bitten by her own body
she had forgotten she had.
Sometimes one sex was off the other
like lust that had followed up
but – she had forgotten she’d had

those five hundred days.
She had learnt how to live up to
expectations and down, down.
One cycle at a time, painkillingly,
heartbreakingly, she had gotten to the rim of
words that would always define herself
and them, hem, hem.

*** Poem written for dVerse Poets Pub. You might have got that the prompt was ‘buttons’… That was my version of it, together with a -sadly expressed- celebration of my 100th post on Hiroshimem. Please don’t be mistaken, I’m actually quite happy that I was able to write so many posts. Thanks to everyone who read and slash or commented. Feedback is always appreciated. ***

Non, je ne vous parlerai pas d’horreur. Il sera plutôt question de jouissance, ou de ce qui en est le plus près – si cela ne la dépasse pas. Il sera question de mots comme de mouvements, de locations comme de dislocations.

Je laisserai ici
trace de mes pas
piétinant l’ordinaire

Il n’y a pas d’avancée; il n’y a qu’une impression de surplace, mystifiée par les grands cercles que les bras décrivent comme étant la panacée. Ici, la linéarité n’est pas la seule façon de se déplacer dans l’air : les couches de sens vibrent, l’une – avec – par-dessus – l’autre. Regardez, ce texte ne peut le rendre. Ce texte avance en même temps que la piste, mais peine à la suivre. Car la piste est à la fois creuse et superficielle.

Je parle de démembrements comme je parle de remembrements. Je parle de dépression comme je parle de pression.

Le coeur peut-il être guéri
une fois pour tous ses battements
par l’extraordinaire?

Je parle d’extraordinaire comme je parle d’ordinaire.
Je parle des sons comme je parle des sondes déployées au fond de l’être, puis retirées avec tout ce qu’il y a de meilleur accroché dessus. Je parle de meilleur, mais je ne parle pas de morale. Je parle d’art comme je parle de raté.

Je ne parle plus. Je danse, ou appelez ça comme vous voulez. Je suis le beat, je suis, le beat.

Après le coeur qui bat
y a-t-il un coeur qui a
perdu envie de frapper?

La caféine, elle, frappe. Elle possède le double avantage de faire connaitre la fébrilité (which is a state of art, ai-je déjà statué) et de plonger les papilles dans l’extraordinaire. Ajoutez-y un soubresaut de basse et le corps vibre entier. Le coeur n’est plus qu’un prétexte.

La danse : vient-elle du coeur de nous? Vient-elle de l’extérieur? Vient-elle? Est-elle nous? Est-elle l’extérieur?

Il n’y a pas de danse; peut-être n’y a-t-il que musique et réponse.

La musique comme question
voir les yeux des gens
des points dans l’espace.

* Délire écrit sur fond de The Gulf Stream. Si le coeur vous dit ok, cliquez sur le lien et faites jouer en relisant. Ça se peut que ça donne rien de plus au texte, mais au moins vous aurez découvert un son pas mal du tout.

October

The wind still smells the same
and brings nothing
but all my memories in one shot
down the gust, down my guts.
Time is flying inside me
one shot, strong spirit
drawing back my stomach
from under the soils.
Another internal flight,
another domestic crawl.

January

The cold still feels the same
and brings home
a suitcase that’s heavier than me
starting now
snow will punch holes in me
will patch me with holy
sheets
shared from winters in.
Love organs:
another all-white horizon,
another night on the sofa.

October

If it hasn’t killed me leaving
will have worn out
my string of days, so fragile
of a hundred twenty five million hai‘s
before my eyes. What’s close
is not even able to make it
-self another place among them,
another pace among traps.

January

If it hasn’t awakened me coming home
will have called me again,
recalled the string of years, the knots, the ribbons
and balls behind the sofa.
Being back is leaving again
in the past, in the vast
nothingness that’s pretense of nostalgia
that my eyes sniff in those cities of yes‘s
and yet without finding
anything else than wanderlust,
anything else than punishment.

October

Deliberate, my exiles stick
a bar into my mouth
a nail into my foot
and my other, rusty.
Every cure will have to be
geographic, metallic.
There’s an earth spinning around me,
months pass but don’t stop.
Other red leaves straight in my teeths,
other dead words rummaging in.

January

Deliberate, my escapes smash
a shot of wine down my throat
waste this body that’s suffering
too much alcohol.
Strangled memories,
estranged futures.
« Paris is spitting on us », he said
with love in his eyes
and am I not also
just another nostalgia hunter,
just another raincloud stirrer?

*This poem has been published in its original French version in the magazine La Tribune juive. I am still working on this English translation, but because the theme of this week’s dVerse Poets Pub is exile, I thought I could share it with you.

Je ne serai pas tranquille tant que je n’aurai pas tout avalé : mots, heures d’éveil et de sommeil, morceaux de trottoir râpeux comme une pilule de trop l’été.

Je ne serai pas tranquille tant que je n’aurai pas tout avalé sauf la pilule.

Je voudrais être déjà guérie sans même avoir pris la moindre croquée de médicament. Sans avoir pris la moindre croquée de douleur. (Puisque, semble-t-il, il faut en profiter. À moins que ce ne soit l’apprécier? Le verbe m’échappe alors que la douleur… non.)

Que faire de l’attente? Que faire des trous entre? Qu’est-ce qui est un trou et qu’est-ce qui n’en est pas un? Est-ce qu’un trou est forcément vide?

Ma vie ne l’est pas. Elle est pleine de toutes ces petites impatiences, les fesses douloureuses des chaises, à me peindre des faux-feelings sur le corps du type : I feel left behind, I feel ignored, I feel disrespected, I feel emptied. Je me sens sac, je me sens sale, je me sens la tête en bas.

Le trottoir est proche, donc, et parfois, c’est un bon remède contre le mal de bloc. Ça s’appelle l’homéopathie en grande quantité. Comme combattre un élément (ex. : le chaud) par ce même élément (ex. : le chaud). Ou encore l’homéopathie par l’homéopathie… Non, ça marche pas tout à fait.

J’ai la tête dure et la journée dure à boucler. Mon quotidien est une séquence de choses à avoir faites liées par des marques de frustration.

Des marques de dents? J’en doute. En général, j’avale mes pilules, ça passe plus vite.

Bonne digestion dans le noir.

With conflict and breast
a-rising
at the same lack of time

with resistance and nerves
a-wrecking
the same sack

oh rest

let my body soak back into the same
round disquiet
meantime
forced
still
am
I
.

I took a breath so deep it took me with it
away into the dream of breaths all over the court
and the swift moving of one’s heart to passions’ sounds
and the skips moving one’s heart to passions…

still.

With softness and beats
caressing
the same lack of skin

I grow
changed
still.

***
Both the haiku on the picture and the poem that follows were inspired by a change in my health… that has fortunately got way better since I made the decision to be open. Thank you to dVerse Poets Pub’s prompt for today, ‘Choice’, that was really inspiring to me. The depicted haiku will also be given out to a person (that remains unknown… still) as I’m taking part in AndHeDrew’s 20-day ArtGift challenge.

La synesthésie est embarquée dans le bus ce matin, avec Saint-John Perse, et on est partis faire un p’tit tour de jaune et vert sur Beaubien.
Il y avait toutes sortes d’arbres que je ne peux nommer ni encore moins décrire, les yeux plissés derrière mes lunettes en plastique pare-pollen. Tant pis, les poèmes feront la job, moi je ne connais que le monde de béton et de peinture déjà appliquée.
Ce soir je connaitrai celui des astres enchevêtrés. Peut-être deviendrai-je meilleure poète, ainsi bardée de vues téléscopiques et de vin. Peut-être pas. Mais j’ai le sentiment d’un vert sombre de forêt poignante, d’une ombre mouillée sur la pelouse dans laquelle je me trempe les pieds, d’une fontaine luisant sous un soleil lourd.
C’est ce que je me souhaite pour cette année. Ça, et un vent chaud qui sort d’une bouche de métro et qui me siffle un air de jazz. Toujours ce verre de vin.
On est maintenant dans les avenues, mon livre, ma folie des chiffres et moi – carrément « dans » puisque au-dessous du sol, au frais, bien à l’abri des dangereux collégiens en vacances. On se conserve bien ici : la poésie coule comme un miel jaune, les voeux s’envolent comme des grains de pollen neigeux. Il fait frais, il fait réconfortant.
Je ne sais pas où le bus nous a menés. Ce n’est pas le terminus, ici. Je suis encore dedans, et nous roulons dans les parcs bien arrosés. Dommage qu’il n’y ait plus de fleurs roses odorantes, me dis-je, un relent japonais en dedans de l’estomac.
Il y aura du beau, aujourd’hui; mon ventre le sent. Il y aura de la nature en ville, comme toujours. Il y aura d’autres natures, d’autres villes. Et au centre de tout ça, il y aura un livre mûr et moi, encore verte de ne pas savoir pourquoi.