Archives des articles tagués français

On est allées faire un rallye dans le quartier chinois we rallied to Chinatown
that was a Scavenger hunt with no treasure

No treasure except for the tapioca pearls
it read pearls
you read peerls
you laughed at my
Rs

On est allées voir les gens se purifier dans Chinatown we saw purist people
there was a pure basement with no chest

No chest except for our moving hearts
hands rested
les mains restaient
immobiles dans les
airs

On est allées faire les allées and the aisles we sorted through allies
that read goddesses or godnesses

Il ne nous manquait que quelques lettres
quelques mots
pour tinter dans le vent
doucement comme des
ailes

***
Photo modifiée avec Instagram

Ex -iste
Base ta vie sur tout ce qu’elle a déjà été
tout ce qu’elle t’a promis en te nouant un ruban
au ventre
Devient partisan de ta reconstruction
et de ce que le temps t’a coulé comme carapace
autour

Pers -iste
Reçoit les ordres qui se peuvent
ceux qui te démontent les morceaux lourds de fonte
au fond
Perce tes yeux du rayon le plus blanc
jusqu’à t’en bruler les cônes de ton chemin
autant

être
exister

Passé -iste
Rétrograde jusqu’au centre mou puis clanche
fonds-toi comme une crotte de nez au mur
au palais
Passe outre tes règles de salubrité
celles qui t’enveloppent de ruban plastique
Achtung

sois
existe

« Les si n’existent pas. » « Mais si, ils existent! » « Mais non, on dit ‘Mais oui’, ici. »

Avec des si, on va à Paris, c’est connu. Les Parisiens ne peuvent venir au Québec qu’à coups de oui, toutefois.

Justement, et si si et oui étaient des équivalents parfaits?

Prenons le si qui n’aime pas les -rais, celui-là même que je dessine à la craie chaque fois que je veux faire pouffer mes étudiants. Et si celui-là aussi n’était qu’un appel à la vie qui bat?

À la vie qui se débat…

Avec des si, on va à Paris, oui; en fait, on va n’importe où. (On ira pour vrai, du coup, ayant déjà posé ce mot assez souvent pour pouvoir traverser à gué.) Le si a son pouvoir musical, presque, ce pouvoir de rendre une folie possible l’instant d’une syllabe… Prononcé avec les yeux pétillants du oui, il donne envie de se lancer dans l’espoir à pleines dents.

Même le si du regret a son pouvoir imaginatif : du beau matériel à histoires et à leçons, qu’on y retrouve. Mais si j’arrêtais de regretter, tout simplement… Mais si cela m’empêchait de puiser dans ma douleur passée la lumière glauque qui donne l’élan d’écrire?

Et qui donne l’élan de communiquer…

En primeur, je vous lance mes si les plus fous. On se gâte.

– Si je me lançais dans l’écriture sans retenue, avec confiance en mon talent? Si j’allais montrer mon travail à plus de gens?

– Si j’écrivais plus, tout simplement?

– Si je consacrais un peu de temps chaque jour à un projet d’écriture qui me tient à coeur?

– Si j’organisais une lecture de poésie?

– Si j’arrêtais de voir ma situation financière comme un obstacle, et que je comptais mon argent positivement au lieu de négativement?

– Si j’avais confiance que l’argent viendra en quantité suffisante?

– Si je donnais à plus de gens le gout d’écrire et d’apprendre une langue?

– Réciproquement, si j’ouvrais plus mon coeur et que je me laissais toucher/emporter par les histoires des autres?

– Si j’acceptais mon corps, mon esprit, mon âme comme ils sont?

– Si j’acceptais mes erreurs et que je m’en excusais?

– Si j’aimais librement sans avoir peur de perdre l’autre?

Bref, si j’osais…

Le premier pas est fait. Le vide est là, devant moi. Mais si, au lieu de tomber dedans, je me mettais à sauter d’un nuage à l’autre?

Je flotterais, sans doute. Un peu comme maintenant.

Vous vous rappelez cette mode de mettre « attitude » après n’importe quel nom-anglais-utilisé-comme-adjectif, mode lancée en France, là où c’est tellement plus trendy d’afficher que t’es hype dans une langue – pas la tienne?

(Sans rancune, les Français, je vous aime, même les Parisiens. Surtout les Parisiens, en fait, depuis que j’y ai habité et fait du vélib’ avec un verre dans le nez.)

Ben moi, non seulement j’me la rappelle pas, mais j’me rappelle pas non plus ce que je disais deux paragraphes passés. J’me rappelle pas, j’me soule. 

Je me soule quand la vie me soule pas assez. Quand elle m’envoie pas assez de notes, de groove, au nez. Quand elle me retape sans cesse les mêmes films travaillés au Instagram, les mêmes Chardonnay extra beurre.

Un verre à la terrasse des Cavistes.

Me semble qu’y avait ni Earlybird ni beurre dans la recette d’origine. M’enfin. La version instagramée existe toujours.

Pourquoi le vin me rend-il instantanément nostalgique? Il me rappelle Paris, sans doute. Celui des pires bouteilles à deux euros, celui de l’insouciance, celui des sourires sur les photos.

Mais aussi, à bien y penser (autant que cela m’est possible avec ces bubulles envahissant les neurones restant), le Paris d’une détresse certaine, d’une certaine amertume. 

Tant pis : on prendra du blanc, question d’éviter l’astringence. Du coup. (Je suis pas arrivée à le placer dans la phrase celui-là. Je l’ai mis à l’extérieur, question que vous ne puissiez l’ignorer. Paris abhorre l’indifférence, en même temps qu’elle la cultive.)

Et si la nostalgie était acide, comme un traitement argentique qui fixait dans le temps, comme une lime qui figeait dans les dents? 

Cette douce mélancolie que je traine est peut-être celle de la poète. Celle qui se traine d’un café à l’autre pour un verre de sancerre, une clope, un booking. Cette mélancolie, j’apprends à l’apprivoiser, à lui laisser prendre l’air et déverser ses flaveurs. 

Si je ne me rappelle plus le propos de ce texte, je me rappelle toutefois que je disais déjà, au début du secondaire, que j’étais dans un « trip mélancolie ».

C’est presque de la millencollin attitude. Sad air. 

Regarde, même le français, langue puriste par excellence, me permet pas de me donner des ordres.

Mais des fois, faut croire qu’avant d’être française, ma tête est humaine. Langagière. Vidangière. Parce qu’elle tient à frapper quelque part, sur quelqu’un qui porte des lunettes même, sur quelqu’un qu’elle maintient debout en perpétuelle vacillance.

Va, parle-moi au tu, tête. Le français te le permet. Tu peux continuer à crier… mais tu ne m’auras pas. Tu ne me seras pas, car je suis je. Et toi, tu es tue.

Encore faut-il que cette distance soit réelle, que ce dédoublement ne soit pas psychiatrique. Après tout, avec la perte du -s à la 2e personne du singulier de l’impératif, les verbes n’en deviennent-ils pas étrangement proches d’une 1re personne? Le tu étant sous-entendu, qui a dit qu’il était bien tu?

C’est le -e final, le euh de la distance et de l’hésitation. Comme dans : « Attends minute, euh… Parle-moi pas de même, toi[moi] là. »

Pour ma santé mentale et mon sens de complétude, je préfère croire à ma grammaire sans (plus) poser de question. Me fier à l’expérience, quoi.

Et quand cette voix du mauvais sens m’exhorte sans sens, je lui réponds au lieu de la prendre pour moi. Et quand elle s’évertue à me dire de pouvoir à l’impératif, j’use de mon pouvoir et lui réponds calmement, du plus fond que je le puis.

Puisse cette journée vous être aussi bienveillante que la mienne.