Archives mensuelles de octobre, 2012

New York, plus tôt aujourd’hui.

C’est le calme avant la tempête. « Est-ce que ça va être comme ça dans l’oeil du cyclone? » as-tu demandé. « Pas tout à fait, » a-t-il répondu avec son stoïcisme habituel.

Il a une façon de te rassurer qui te plait bien : il expose les faits, prépare pour le pire, ne tombe pas derrière les oeillères que tu te mets habituellement.

« Un moteur qui roule sans moi / en acier dur et froid / et je cours et j’enchaine / que la chute me surprenne »

Ça, c’est la tempête qui souffle dans tes oreilles avec la voix d’Ariane. C’est ton esprit d’aventurière du dimanche qui te fait regarder droit devant en tremblant.

Vous avez fait des blagues de fin du monde. Tu n’y crois pas – tout de suite – mais tu as peur, comme toujours. Lui, il rit gentiment, et puis tu ris toi aussi.

Tu te rappelles quand tu t’es vue emportée vers la mort, la tête in and out d’un courant sans merci. Tu as lutté, tes jambes étaient pleines de bleus après. Tu en as eu la preuve après, après les pleurs.

Aujourd’hui, c’est différent. À part le vent qui secoue les arbres et les torrents de gens à l’épicerie, rien ne laisse présager une mort soudaine. Pourtant, tu y penses pendant quelques minutes.

Le calme avant la tempête… à moins que la fin ne soit pas la tempête attendue?

Au creux de toi, ce même calme, ce même oeil bienveillant qui te fait dire : « Ça se peut que je meure en fuyant. » Et qui te fait penser, à la fois froidement et chaudement, aux messages que tu laisserais à tous ces amours.

La paix.

Entre Albany et Saratoga Springs, présent

L’urgence n’est plus, la paix est toujours là.

Tu as fui juste à temps, il est en sécurité, barricadé avec ses chandelles et son caviar.

Mais tu sais très bien qu’une autre fin du monde est possible. Qu’à cela ne tienne, ton âme est prête.

In the 3 minutes and 14 seconds
that this song lasts
I went back and forth in time
3 and 14 times
respectively.

Safely seated in the bus
I pointed my chin forward,
let past and future unfurl,
let go
back first.

Paris and its wild lights / trajectories I couldn’t grasp / too high on my bike / and his blurry picture / before me

rays of light, laughs / did we roll on the grass / trying to pick up a friend / fallen apple too full of juice? / yes we did

and did I make a wish / meaningful and dear / while everyone was away / except me and / a shooting star?

She says, « but there was not
enough space for you /
I couldn’t find any place
for you / now it’s too late »;
is it ever?

I let go
and forth,
into this life
and the next

This form is already souvenirs,
the rest comes in flashes
on a bumpy ride:

bodies curled in fallen leaves, crying / tears to come

I, chasing a rush of stars / through loud sound

« everything will be alright », your voice / fading soft

your kiss again, and its apple taste / city to go

tea scents

dog spirit

dismembering

snow bed

rose drops;

sugar rush

head massage

bass pumping

seasons’ descent

blood dripping.

Time flies
but I make space for all lives
I could and could not have,
I will and will not have,
all the same

words fly
leave whiter holes
perfect

In 3 minutes and 14 seconds
I have found a place for this
one thing
that’s all

* Here is the song I am talking about : Too Late, by Ariane Moffatt. *
* Oh, and I missed dVerse Poets yesterday, but I used their prompt anyway. *

Pour l’hôtel Jolicoeur, en fait. Ou plutôt le livre à son sujet.

Vous ne connaissez pas l’hôtel Jolicoeur? Moi, juste assez… Comme la plupart des collaborateurs de ce projet original mené par Mireille St-Pierre et ses bras droits et gauches, j’y ai mis les pieds avant que l’ancien hôtel/bordel/piquerie ne soit transformé en condos. Bonjour le glauque et l’envie de partir en courant dans le noir de même là.

Cela dit, ma peur pas complètement irrationnelle a quand même donné lieu à une nouvelle, et il semblerait que l’expérience a aussi inspiré nombre d’auteurs, d’illustrateurs et de photographes de qualité. Oui, de qualité, comme le site web du projet d’ailleurs.

L’hôtel Jolicoeur (re)vivra donc, directement de l’imaginaire de toutes ces belles personnes, dans l’espace d’un livre, d’ici quelques semaines.

C’est là que vous entrez dans le portrait. On vous veut comme MÉCÈNES!

Oui, oui. Je sais, vous n’avez pas d’argent. Vous n’avez pas encore obtenu votre cocarde qui dit « jeune philanthrope » et qui vous permet d’assister à des vernissages privés au Musée des Beaux-Arts.

Mais on ne vous demande pas beaucoup. Même une piastre, ça ferait la job.

Et vous aurez même un cadeau! N’est-ce pas merveilleux?

(Juste pour que ce soit clair… cliquez sur « vous aurez même un cadeau » pour accéder à la page indiegogo du projet, à partir de laquelle vous pourrez vous enregistrer comme donateurs.)

Merci énormément!

Mon âme aujourd’hui, une feuille d’érable
tombée, certes, mais aussitôt envolée
un appétit de terre et d’air
planté sur un corps de rosée

Il y a de ces jours où le coeur
veut aller plus vite que le respir
et s’enfarge dans la feuille sur le tapis
et ébrèche le bec de sa théière

Avec l’automne mon souffle est revenu
à la base, pu-er sur feuilles
question de décanter les battements
du reste des évènements réels

Les gestes ont dû reprendre le dessus
et les autres directions, dont la grâce
d’avoir été une feuille parmi tant d’autres
et peut-être aussi le chat

Mes mots coulent d’un coup, trois doigts
d’eau au fond du bol, et frappent
les parois pour rendre vert
ce qui reviendra à mon essence

Photos instagrammées. Suivez-moi: @meme_aimee.

Ce moment où tu prends une gorgée et ne chokes pas
ton moment avec toi-même
ta feuille empruntée
ta capacité à réfléchir
les lanternes à ta surface

tu es une gorge profonde
un puits aux parois rocheuses
mousseuses
presque moelleuses
selon la saison
tu acceptes

ce moment où tu relies les couleurs entre elles
d’une coulée de bouette sous les feuilles
au bec de ta théière
tu collectionnes les tons d’orangé
et les nuages complémentaires
tu réfléchis
les sourires sur tes lèvres

tu es une langue de feu
plus ou moins vivante selon la pluie
et le vent qui t’anime
le matin ou le soir
tu acceptes

ce moment où la douleur se raccroche à toi
comme à un tronc d’arbre salvateur
tu touches du bois
sans le vouloir
tu traces sur l’écorce quelques mots
un sacre dans la terre

tu revoles

tu es aux commandes malgré le saut
de quelque chose d’intangible
ton souffle reste à la surface
des cascades
des bougies
et balaie ta tasse de thé
avant que tu ne deviennes

l’automne
et toi
dans ton corps en jeu.

*Photo instagrammée*

All these times I haven’t fed myself
when I needed to,
all this food denied
like there were no loads of bread
running from truck to gutter
in Austria or anywhere else
I haven’t been
’cause I was a ghost in those places
blown by wind and filled
with hunger.

Had you cracked me open like a hot chestnut
– with your gloves taken out and
the tip of your fingers reddened –
you’d have found a sweet,
sweet void,
repeating softly – or would it be the wind?
-, « She is empty.
She needs to be filled. »

You didn’t get that
but I did.

All these times I have fed more than myself
when anything else was needed,
all this space denied
like there were no loaves of flesh
running from bones to mouth
– or was it the other way around
too? –
in France and everywhere else
I have been
with the same body, unaware of the place
it had blown itself to
filled with
fleeting pastries.

Even you couldn’t open me up like a jar
of chestnut cream
with your slow hands all over and
your jaw all tense –
otherwise you’d have found a half-empty
paste,
with trails left by a knife on the sides.

« She’s emptying it out.
The sweetness of life. »

Yes, I once used a knife
but I got it anyway.

I once reached rock bottom
in a jar of spread
labeled with my fake room number
locked in a pantry high
in the basement low
in the city among all cities,
I once reached a hint of myself
down there
but it took time.

After all this time I got fed up with
needing not to need,
denying denying.
Like pouring sugar in a gutter
would make its contents edible,
like coating my life with cream
would make things possible.

I have been
to many places but now I want to go
for real, blown by my hunger,
with stomach open wide.

*Written for dVerse Poets Pub.*