Archives mensuelles de avril, 2011

Ambiance tropicale, thé glacé et petites bombes sucrées : voilà mon Pâques. Non, je ne suis pas étendue dans le sable chaud; je suis en nage sous une tente couvre-lit, le cerveau mouvant, la gorge comme un champ de cristaux de sucre.

Même si ma pensée part en balade, j’ai envie d’écrire. Écrire pour ne plus rien faire, écrire pour être. Puisque même clouée sur mon sommier, je me trémousse, je n’accepte pas.

J’ai lu aujourd’hui un article intelligent de Miss Mary Max (en anglais) avançant que « être » n’excluait pas nécessairement « faire », et que se définir par ce qu’on fait ne fait pas de soi un être incomplet, une poule sans tête, sans profondeur. Bien sûr, lorsque je me définis principalement par ce que je fais (ou réussis/ne réussis pas), je me sens la tête et les jambes dans une tournade, et j’ai l’impression d’être partout sauf avec moi, chez moi.

Mais être, tout simplement, sans distraction, ça reste difficile. Être malade, c’est la quintessence de l’essence sans distraction : que faire quand le lit tangue et ne laisse d’autre choix que la position en croix?

Ne reste qu’à rouler sa pierre jusqu’à la pharmacie. Ou à faire ce qui nous fait être. Et pour moi, c’est écrire. Écrire pour mettre de l’ordre ou du désordre dans mes pensées. Écrire pour me dire, pour vous dire.

Voilà pourquoi, après une théière et quelques cocos, je parviens à me redresser et à vous suer ces quelques mots sur mon clavier. J’ai envie de continuer à les tordre dans les prochains jours et mois, et de rouler comme un oeuf vers d’autres publications!

Joyeuses Pâques quelles qu’elles soient!

Vous connaissez cette joie de lire des mots qui sonnent, résonnent, donnent un sens à votre pensée? Cette joie de lire trop et de tomber, sous le soleil tel un projecteur, sur votre coeur dessiné à coups de mots?

Cette joie d’écrire trop, aussi. Mais ce n’est pas tous les jours qu’on trouve une justification à son blogue. (Pourquoi cette manie de toujours chercher à justifier, d’ailleurs? Ce blogue existe donc il est, voilà tout. Comme moi, même combat.)

Alors voilà cette perle. Attention, c’est en anglais, comme si j’avais besoin de vous avertir.

« Happiness is much more difficult to write about than sorrow, just as the longing for love is easier to describe than its fulfillment. Still, I suspect that many writers secretly wish they could write from a deep well of happiness at least once just to know how it feels. (…) But the reality is when a writer’s happy, the last thing she wants to do is dissect the ephemeral; she wants to exult in her euphoria, not explain the miracle. » (Sarah Ban Breathnach, Moving On, p. 262)

J’ai déjà écrit de la beauté, de l’amour en barre. Mais l’ironie en moi craint de me fondre dans la guimauve si j’y reste enfoncée. Elle m’accroche donc par le mordant à quelque chose de croquant, dur, solide : la mélancolie des montagnes dépaysées, la peur du roc noir sans tain, le sarcasme de la chute acérée.

Mais bon, y a pourtant des jours où la vie just gives you smores. When your legs burn in the sun, and tea picks you (and your delight) up. Quand de petites touches d’espoir et d’expectatives se profilent dans le pétillant du bouillon. Quand même les plans qui se retracent au gré de la journée n’apportent que ravissement.

Je pourrais élaborer une liste de gratitudes sous forme de métaphores pendant des heures – et vous ne vous rendriez même pas compte que je parle toujours de la même chose étant donné mon langage évaseux. Mais à elle seule, la trouvaille de ces mots familiers vaut bien une journée – et, qui sait, quelques minutes de votre temps. Comme Céline le chantait, je suis avare de mots, je veux qu’on m’en écrive pour ma musique. Des fois. Quand j’en écris pas.

Il y a de ces journées où je suis. Et il y aura de ces articles, aussi.

(This post is an attempt to follow a guideline as short as a word long – some people call this a « theme ». As you may have understood already, the theme is change. See Medicinal Marzipan’s blog for an explanation of the Self Discovery Word by Word Blogger Series, and the post that has launched the change.)

This life has been moving me around. This life has been moving so far.

Every day brings its bundle of surprises and surprising fears. Every day brings a load of clothes I could swear I have never worn. Out I find different images than in, what I had as a world.

Everything keeps changing… from what? From what I imagine they would become? That’s not what I could call real change: It’s just a becoming – of things as they are.

I like to say become instead of change. Then I can brag I’m always becoming myself, in the many myselves I can be throughout life.

To me, change brings a negative connotation forthwith – it sounds as unwelcome as a reason for a friend’s treason, or a switching off of the radio after an ill-formed popularesque song. Change sounds like forgetting oneself. Change looks like shutting oneself up.

Well, I may not be right, even in my own world. In fact, what change I do not caress is the unaccepted, refused, fought-against type of change. But change could not care less of my resistance, and keeps rolling on me whatever.

That’s where I « gotta roll with it » – to paraphrase a once-not-so-popular pop song – and on it, through it, in it. Change is a surfing dough from which I’ll become. Hmm, I mean, I become. Cause I am already.

Guess who’s coming to dinner tonight? A surprise, a surprise me. I’m all ready for the fear of this everbecoming lady.

Sometimes an unexpected change of setting may bring in the most welcome guests.

Pourquoi cette fixation sur le transit comme thème de nos vies?

Peut-être parce que rien n’est fixé, justement. Tout passe… et laisse sa marque en passant. Les émotions, comme de gros chunks de chocolat avalés tout rond, irritent l’oesophage, font gicler des acides, débattent le coeur. Qu’on aime ou non, on ingère, prend ce qu’on peut quand ça passe, puis on doit recommencer, le chocolat étant ce qu’il est – c’est-à-dire fondant.

Je me sens parfois comme un gros bloc de chocolat, fort au gout mais friable et fondant, justement. Je me dis parfois que les femmes sont faites en chocolat – et non en bois, peu importe ce que vous en pensez. Elles émeuvent, font saliver, fondre, battre. C’est à se demander pourquoi j’ai utilisé le pronom elles au lieu de nous.

Je suis le chocolat pendu dans mon estomac, tentant de se reposer du mieux qu’il peut dans un environnement anxiogène. Je me sens aussi suspendue dans cet air qui passera à travers tous vos poumons, l’un après l’autre. Pas seulement en transit : en transition.

Je ne vais pas quelque part comme Hiroshima, cette fois. Je passe par quelque état pour arriver… à moi, toujours. C’est comme ça. On ne peut pas être partout.

D’un appartement à l’autre, d’un ménage à l’autre, je prends le temps pour moi, de m’écouter mais aussi de me mettre sur mute. Et j’en profite pour aimer… et pas que le chocolat.