Archives mensuelles de avril, 2014

16 ans, toutes mes dents dehors

et la sagesse à moitié à l’air,

à chaque pas la taille basse en marteau-piqueur

et les seins strappés en une seule poitrine

faussement dure,

laissant dans sa trainée

une poudre de mia

 

je m’en allais à la maison je m’en allais à la perte

d’un bout de moi

 

quand les poules auront des

orgasmes dans mes oreilles parfaites

quand les gars cesseront de

remplir leurs briquets de pets je

serai belle;

plus le monstre auquel on lance

des jetons de casino

dans sa propre tête

va jouer

dans le trafic

poudrée en parchemin

roulée

pour l’instant je craque

claque grasse dans’ face

que je suis donc laitte et

que j’ai donc ben envie de biscuits

 

peut-être m’en allais-je plutôt au gain

d’un bout de ventre

 

de mon futur diplôme

de bonne vivante avertie

 

verre de lait, biscuits

après le dur gardiennage

redevenir enfant

 

2 heures, 24 biscuits et 1 bleu nuit

plus tard, le mal de ventre

comme quand je m’étais dit

« plus tard, le mal de ventre »,

avec les affres des tampons-cactus

prises

blanc plâtre ou blanc souris

toutes griffes dedans

plus tard, les larmes

pour la part

de gâteau

des anges qui ne me revient pas.

ce que je crache a des ailes, a du ciel,

a du mont en neige

 

non je ne suis pas enceinte d’un playtex

noir de monde,

ni d’une boite de biscuits

oblongue

et d’un ange short cake

mais ce que j’ai au ventre

est dur pour vrai

 

sous anesthésie

on peut enlever bien des choses

même quelques biscuits

 

pris dans un appendice.

je le sais, le médecin me l’a soufflé

en même temps que mon guts

 

je ne m’en vais plus à ma perte j’y rentre 

et j’ai déjà quelque chose

de moins que tout le monde

 

***

Ce poème a été écrit à partir de deux listes d’objets perdus énoncées dans des sketchs des Appendices ici et ici (Objets perdus 2 et 5… à voir!). Je voulais essayer de passer par-dessus le caractère absurde de ces objets et les introduire dans un poème racontant une histoire qui fait sens (en elle-même et avec l’absurdité des objets). Voici les listes rassemblées :

x deux poèmes sur le thème des biscuits
x un cactus dans le plâtre
x les larmes de Michel Dumont quand qu’y a appris que La Part des Anges ça revenait pas
x une impression de déjà vu (x 2)
x des outils habillés en putes
x de la poudre de hip-hop
x une brassière monoboule
x un certificat de l’académie du bon vivant
x des jetons d’un casino qui existe juste dans la tête d’un monstre
x un CD d’orgasmes de poules
x un vieux parchemin sur lequel c’est écrit « t’es laitte! »
x un briquet rempli de pets

***

 

 

Une autre de ces journées qui durent des journées. Une autre.

Puis une autre de ces nuits qui ne sont pas vraiment des nuits, nuits écourtées qui craignent les douches froides.

Ça sent la nuit de redondance, de récursivité presque. Pourtant l’appli météo dit que c’en est une d’étoiles filantes.

Woodkid, lui, dit que c’est une nuit de conquête d’espaces. Passés, présents, futurs, entremêlés, trop forts dans les oreilles, tout ça.

Une nuit de conquête de clubs vidéo par l’autre bord, celui qui n’existait pas avant, le seul qui existe maintenant.

Une nuit de film à rapporter vite mais seulement pour ce soir, seulement pour ce soir.

Une nuit de rattrapage de bus en un jet de lettre d’amour pas trop tard. Un sourire du chauffeur parce qu’on souriait pas pour lui.

Une nuit de râpage d’étoiles pour en garder plus longtemps les traces sur les doigts. Une nuit de gout de patate douce.

Une nuit de demi-lune, de demi-portion, de double chat. Une nuit de mars et vénus félins, une nuit de même affaire.

C’est aussi une nuit de restes
de mains de coudes de viande
de touchers à distance
d’une fourchette
un peu sale

Une nuit de recyclage de chemins et de bourrage de vieux reflets de lune dans des sacs bleu nuit.

Puis un matin vient, et on y survit en rêvant d’une nuit dans une autre nuit.

*** Rédigé à partir de tweets publiés le 9 avril 2014 et modifiés ***