Archives mensuelles de août, 2014

1. le patriotisme ordinaire

marteler de la gauchetière des deux sciatiques
ô canada
pas assez fashionable mais trop late
terre de nos aïeux
kazhaks, etc., 64 pays non nommés dans les deux langues
ton front est ceint
comme dans ceinture bien sûr avais-tu déjà vu ce mot

sauras-tu expirer sans qu’on te reproche d’imiter
moi je n’expire même pas
de fleurons glorieux
car ton bras posera la feuille là, tout juste entre le coeur
et la tête
ton corps droit sait porter l’épée
mieux qu’un quelconque bénévole adulé gauchement

dans deux jours tes oreilles ouvrables
la litanie des femmes seules
te concernera, ô travailleur
we stand on guard
dans le malaise des jambes droites
combien de citoyens expireront
sur ce tapis
en fioritures?

2. le régime ordinaire

douze visages nommés dans cinq langues
pays laissés aux maris, etc.
nos fronts d’argile nos rêves fashion
nos tissus dégringolants
bien sûr on pouvait toutes transmettre ce qu’on ne voulait pas

saurai-je sécher mon sourire
riquissimo
vos aloès rouges-gorges
vos odeurs de croix
je ne chanterai pas sur le trottoir cette fois
j’applaudirai
comme si vos vies en dépendaient

la litanie des femmes se trouve ici
possibilité d’être partout heureuse mais en femme
ô canada
de shake à tout prendre
terre des aïeux sur les joues à deux doigts
terre de livres à perdre

la main sur le livre saint jurer
pas comme dans juron bien sûr vous aviez compris

Ces retours de la joie, ces rafraîchissements à la mémoire des objets de sensation, voilà exactement ce que j’appelle raisons de vivre.
Francis Ponge, “Raisons de vivre heureux”, Proêmes

Emmagasiner des instants, s’emplir les bajoues de rosettes de crémage, les yeux dans le vide comme posés sur un voile présent. À partir des miettes vanille et de la crème choco se rebâtir un cupcake frais à l’intérieur, moment magique sous cloche, gout de rêve sous verre de contact avec la réalité.

Et là (Hélas?) l’imagination est une pouliche au visage moins humain avant, semble-t-il, plus chevalin, et l’arc-en-ciel sur son cul faisait moins Ed Hardy —

La vie sous zéro; la vie dans trente degrés. Le ventre est un fourneau qui fait gonfler et dorer tout ce que l’on y fourre. La langue gourde, les paupières lourdes, on engrange néanmoins, pour plus tard lorsque la vieillesse sera bonne et les jours veilleurs.

Vivre, longtemps après, pour l’odeur de plastique frais de sa collection d’effaces. Vivre, bien plus tard, pour le grincement du panneau à spiritueux où la pouliche principale discourait. Vivre, plus tard encore, pour les quatre spots de crémage brun laissés en hommage dans le fond de celle-qui-aurait-pu-être-ton-assiette, grand-maman. Vivre, trop tard j’imagine, pour la sensation d’exister dans un espace.

Là où on s’est senti exister un trop court instant, puis couler dans le verre du souvenir, déjà.

Ne jamais anesthésier la chaleur de son ventre, bruler par en-dedans et fabriquer des cupcakes passés, peut-être que les vagues de chaleur feront fondre le voile de glace sur les yeux, sur les croupes irisées des poneys, sur toutes les parties du corps gardées trop au frais – il fait seulement vingt degrés aujourd’hui, semble-t-il.