Archives mensuelles de décembre, 2011

2011, l’année des migraines en crescendo et du corps en crise.

(En crisse? Aussi, sans doute.)

Je n’ai pas envie d’en faire un bilan. Pourquoi? Parce qu’il tiendrait dans deux lignes et quelque, que voici :

« Retour du Japon. Travail dès lors, dans mon domaine, avec superbes rencontres et fatigue infinie. Amours quand le temps le permet. »

L’an dernier, j’étais coincée au Japon pour célébrer dans un temple glacial. Je m’étais promis de célébrer seule l’année suivante, afin de répéter une expérience exquise que j’avais eue en 2010.

Cette fois, alors que j’avais oublié cette « résolution » – comme c’est la norme -, la force des choses m’a clouée au lit pour me la crier au visage. La migraine m’est passée sur le corps en entier – a rasé ma moitié de lit. Voilà le moindre son insupporté par mon système, surtout celui produit par une voix humaine plus aigüe que la mienne. Que celle qui joue dans ma tête, en tout cas.

Progressivement, tandis que le café et les Advil liqui-gel font effet, je me permets d’être contente de mon sort. Tout le monde parti fêter, j’ai la maison à moi même si je ne peux danser. N’est-ce pas ce que j’avais souhaité?

2011, retorse jusqu’au bout. Tu as fini par me donner ce que je voulais, mais en me faisant passer par les chemins bouetteux, de sorte que je peux même pas me plaindre.

2012, je te demande rien, comme ça j’aurai le droit de chialer.

Mais avant, je prends une petite année pour me reposer. Je pense que je le mérite bien.

(Comme vous tous, d’ailleurs, qui prenez le temps de lire mes états d’âme énigmatiques. Je vous souhaite pas ce que vous voulez en 2012; je vous souhaite rien. Comme moi, vous aurez sans doute quelque chose à la fin.)

Vous attendiez du frais, vous en aurez, même s’il ne sera malgré tout que du réchauffé. J’ai décidé de recycler mon article le plus populaire, celui sur lequel tombent tous les infortunés qui googlent « noel hemisphere sud », à la recherche d’information véridique : voici.

Je l’actualiserai tellement que vous n’y verrez que du feu. Sérieux, vous aimerez, tout comme moi, faire un retour dans le temps pour voir où était cet avant-Noël passé.

Go.

Sérieux, on s’y croirait, dans l’hémisphère Nord. Une promenade de magasin en magasin sur les plateaux sous le soleil pétillant, et me voilà bien gelée. Charriée. Puis, finalement, dans un autre port.

(Je sais que ça ne fait pas très sérieux de commencer un article par “Sérieux…” Les probabilités que le mot suivant soit “doude” sont élevées. Mais ne vous inquiétez pas, je ne suis toujours pas rendue là. Enfin presque.)

Une semaine avant Noël 2011 à Montréal : -15 degrés sous le soleil ; une visite de 25 boutiques dont le Mondou (le chat au ventre en l’air, souvent ronronnant, si accueillant à l’entrée de mes bottes renversées, est désireux de se faire faire un cadeau) ; deux lattés dans une boulangerie avec vue sur un tas d’îlots de cuisine industrielle et de robots nippons ; un déambulage à pas de chats dans la ruelle glacée et un captage de bas à l’appareil iPhoto ; une erreur de jour qui me fait croire trop tard que nous sommes samedi alors que c’est dimanche ; un souper de pizzas réchauffées (boulange chaude pour mon estomac) et de gâteau pas gouté ; une radio sur le divan comme une île dans une mer froide ; une révélation.

Oui oui, j’ai bien dit une révélation. J’ai compris ce qui m’anime, ce qui fait ma particularité, ce qui pourrait être mon middle nom si la loi le permettait : Dimanches. Avec un D majuscule. Hé oui, je suis une profiteuse pur-sang. Mes dimanches préférés ne sont qu’une accumulation de courts moments, de prises de conscience inespérées, de tweets isolés, de trouvailles improbables, de tasses de plaisir. Pour moi, attendre le dimanche est difficile ; je commence immanquablement à imaginer un ou deux détails que j’ai glanés dans un des dimanches précédents et qui, pour moi du moins, suffisent à rendre à l’attente de la beauté toute son importance.

Cette révélation m’est venue alors que je prenais une photo de trois bas. En fait, je cadrais les bas en plein centre, et ces seuls bas évoquaient le plaisir simple de Noël. La lumière aussi. Parce que cette charmante mise en scène de trois bas rouges suspendus à une corde à linge suffisait sans doute à donner à une poignée de grands enfants ronds des expressions faciales étonnamment simplistes.

Cette révélation s’étire, reste dans mon esprit sous la forme d’un rayon de chaleur que j’aimerais qu’il s’éternise jusqu’à minuit. Elle me fournit le fil conducteur de bien des écrits.

Une image s’impose à moi alors que je vais regagner ma chambre froide : une rangée de verres de vin, de gros ballons rouges sur un fond sombre, qui garderont leur chaleur jusqu’à ce qu’ils fassent doucement sombrer les grands enfants dans le rêve du prochain dimanche.

Pleine vide pleine vide pleine vide pleine vide
Plain.
Neutre.
Rien à signaler sinon la vie
Le vide
Qui bat son plein.
(Le jeu de mot était involontaire
C’est dire si ma vie est un jeu.)

Pleine vide de contraires qui n’en sont pas
Le vide n’est pas un vrai vide qui n’attire pas
L’air n’attire rien
Que le vent
Qui me donne des coups dans le ventre
Plein
Vidange
Si seulement

Faire le plein – to replenish – s’aplanir
Était à option.