Archives des articles tagués nature

Ai délaissé le blogue, trop de moments, trop de vie, peut-être. En ai capturé quelques-uns – les voici.

1.
Raquette en solo
je reprends mon souffle et vois
mes poumons dans l’arbre

(J’aurais donc dû prendre une photo de ces poumons de neige… Le lendemain, ils n’étaient évidemment plus là, emportés par le souffle de la tempête.)

2.
Dans l’instant présent
un seul battement; il n’y a
aucune arythmie possible.

3.
C’est facile, la vie :
qu’une seconde
à traverser

(N’est-ce pas?)

4.
La lune
reflet de ma beauté
satori

(d’il y a trop longtemps)

5.
Raquettes sur la neige
crissement
silence
crissement
immobilité

6.
De sous le four
deux sursauts
deux cris
la souris
bourrée d’herbe à chat

7.
Fragments de vie :
rien ne se perd,
tout s’écrit.

(Me semble que je l’avais déjà fait, celui-là. Bon, il était vrai dans ce moment-là aussi, ok?)

8.
Un jeu de Tetris
que je laisse aller :
les évènements s’empilent.

9. Ichigo, ichie :
une fraise,
une rencontre.

(Ça va du moins au plus absurde. Ou du plus au moins sain…)

chouette_lune

Ce moment où tu prends une gorgée et ne chokes pas
ton moment avec toi-même
ta feuille empruntée
ta capacité à réfléchir
les lanternes à ta surface

tu es une gorge profonde
un puits aux parois rocheuses
mousseuses
presque moelleuses
selon la saison
tu acceptes

ce moment où tu relies les couleurs entre elles
d’une coulée de bouette sous les feuilles
au bec de ta théière
tu collectionnes les tons d’orangé
et les nuages complémentaires
tu réfléchis
les sourires sur tes lèvres

tu es une langue de feu
plus ou moins vivante selon la pluie
et le vent qui t’anime
le matin ou le soir
tu acceptes

ce moment où la douleur se raccroche à toi
comme à un tronc d’arbre salvateur
tu touches du bois
sans le vouloir
tu traces sur l’écorce quelques mots
un sacre dans la terre

tu revoles

tu es aux commandes malgré le saut
de quelque chose d’intangible
ton souffle reste à la surface
des cascades
des bougies
et balaie ta tasse de thé
avant que tu ne deviennes

l’automne
et toi
dans ton corps en jeu.

*Photo instagrammée*

Je suis une fille de marées. Après tout, je viens de là où le fleuve est désormais mer, là où il s’élance puis se repose au rythme des changements de ciels.

Il paraitrait même que les filles de par chez nous goutent salé.

J’ai une lune à la place du coeur. C’est une parcelle blanche, éclairée à différents degrés, qui m’unit et me désunit au ciel. Après tout, je suis faite à 56 % d’eau… 56 % d’aimant.

Surtout dans les yeux.

J’ai le sang bleu comme un reflet du monde. Quand le froid pogne, il me fige sur place. Sinon, j’ai le courage des marins qui laissent leur famille échouée sur le rivage.

J’ai les veines fuyantes, en fait.

Je suis une femme d’immensité. Je cherche le ciel et la lune en sortant du métro, les étoiles en sortant de la métropole. Je cherche la métropole dans tout.

Je me cherche dedans itou, et il y a des morceaux partout.

Je suis une femme de nature. Je pensais jamais dire ça.

* Photos instagrammées *

La synesthésie est embarquée dans le bus ce matin, avec Saint-John Perse, et on est partis faire un p’tit tour de jaune et vert sur Beaubien.
Il y avait toutes sortes d’arbres que je ne peux nommer ni encore moins décrire, les yeux plissés derrière mes lunettes en plastique pare-pollen. Tant pis, les poèmes feront la job, moi je ne connais que le monde de béton et de peinture déjà appliquée.
Ce soir je connaitrai celui des astres enchevêtrés. Peut-être deviendrai-je meilleure poète, ainsi bardée de vues téléscopiques et de vin. Peut-être pas. Mais j’ai le sentiment d’un vert sombre de forêt poignante, d’une ombre mouillée sur la pelouse dans laquelle je me trempe les pieds, d’une fontaine luisant sous un soleil lourd.
C’est ce que je me souhaite pour cette année. Ça, et un vent chaud qui sort d’une bouche de métro et qui me siffle un air de jazz. Toujours ce verre de vin.
On est maintenant dans les avenues, mon livre, ma folie des chiffres et moi – carrément « dans » puisque au-dessous du sol, au frais, bien à l’abri des dangereux collégiens en vacances. On se conserve bien ici : la poésie coule comme un miel jaune, les voeux s’envolent comme des grains de pollen neigeux. Il fait frais, il fait réconfortant.
Je ne sais pas où le bus nous a menés. Ce n’est pas le terminus, ici. Je suis encore dedans, et nous roulons dans les parcs bien arrosés. Dommage qu’il n’y ait plus de fleurs roses odorantes, me dis-je, un relent japonais en dedans de l’estomac.
Il y aura du beau, aujourd’hui; mon ventre le sent. Il y aura de la nature en ville, comme toujours. Il y aura d’autres natures, d’autres villes. Et au centre de tout ça, il y aura un livre mûr et moi, encore verte de ne pas savoir pourquoi.

The following poem was prompted by James Rainsford‘s picture, Reflections. It is part of dVerse Poets Pub. Enjoy, and please don’t hesitate to visit James’s website and the other poets present at the pub.

by James Rainsford

Reflections again

This time I didn’t see my reflection
lost in thoughts
as I was
tracing back V-shaped steps
-victory or loss-
pacing back grieving laps
-will or sallow-
I was inclined to weep.

That time I didn’t see my reflection either
in fact
lost in time
as I was
gazing back at juts of mist
-water or misery-
racing back at an impression
-your eyes not mine-
I found you and lost me.

Two reflections that I didn’t see
Two straight poles that I couldn’t stand
between
half-fallen as I was
already half-part of the
pondering world.