Archives des articles tagués Le Cahier mauve

*The contest is over… I used RANDOM.ORG to generate a random number… and the 2nd comment (chronologically) won! Bravo à Patrick Levesque, de http://legrosbonsens.net! Thank you so much to all of you for your participation!*

It’s National Poetry Month (chez nos voisins états-uniens), and I am taking part in Kelli Agodon’s Big Poetry Giveaway!

Ce mois d’avril, je sors (encore!) mon meilleur langage de vente – ou plutôt de don – et j’offre deux livres à une des personnes qui commentera cet article. Oui, deux livres : un des miens, soit Le Cahier mauve, et une de mes lectures récentes favorites en anglais, soit Pleiades, by Sui Solitaire.

I chose Sui’s book because of both its (her!) crude honesty and ability to show how fragile human beings and their relationships are. Sui plays with English sounds gracefully, in a way that I would like to be able to emulate. She is beautiful.

Quant au Cahier mauve… il s’agit de l’oeuvre d’un départ, d’un retour au Japon, lequel meuble les pages de ses mots noirs. Le design en a été assuré par l’épatante Cheval-Marcel, qui y a infusé sa douceur et sa touche féminine (dis-je en me disant que c’est comme si je disais que je n’étais pas féminine… bon). She is beautiful, we are both beautiful too.

Well, in other -English- words, one of you is going to get two (paper)books just by commenting this post. And by « comment », I mean I’d like you to answer this question:

What are two good poetry books that shook you to the core? Pouvez-vous me donner le titre et l’auteur de deux livres de poésie qui vous ont profondément ébranlé?

(Two books in two different languages if you can!)

Vous avez tout le mois pour (trouver, lire des recueils de poésie et) répondre! I will draw (randomly) one comment, and the person will be sent the two books. Don’t forget your name, and email or Twitter account.

Merci et bonnes lectures!

PSsss If you are a blogger-poet too and would like to give away poetry as well, here is how to participate (on Book of Kells, Kelli Agodon’s blog).

La vie s’opère comme un tri. Les angles s’estompent; les gros morceaux immangeables restent dans le tamis, et les doux flocons m’aspergent. Encore faut-il que je les voie à travers la brume…

Il y a de ces jours comme aujourd’hui, des dimanches pour la plupart, où le recul se fait tout seul, parce que tout ce qui est dû n’est pas du travail, et que les cadres sont de nouveaux lieux.

Les vents m’ont repoussée à Montréal après l’écueil japonais. Mon retour fêtera son premier anniversaire en janvier; mon malêtre a déjà fêté le sien. Mais au lieu des larmes, c’est le rire, cristallin comme un verre de vin blanc, qui coule : depuis mon retour, que d’amitiés et de relations de travail riches.

Et des Japonais. Beaucoup de Japonais. Je les appelle secrètement « mes Japonais »; ils (en majorité elles) sont tous, sans exception, ces Japonais que j’aime, ceux qui ont une fibre d’érable au coeur, une passion de décrire la neige en français, un souffle de curiosité bon enfant qui tient chaud.

Qu’ils soient venus au Québec ou ailleurs m’importe peu; ce que j’aime, c’est qu’ils soient venus. Et qu’ils insufflent dans ce qu’ils font cet esprit communautaire qui les caractérise, tout en le faisant de manière inclusive.

Il est beau de voir tous ces couples canadonippons qui se complètent et se comprennent. Il est beau de voir des Japonais regarder mon recueil de poésie et de (pseudo)calligraphies, et montrer un intérêt authentique envers ce détournement d’art traditionnel. Il est beau de voir ces Japonais artistes qui plongent : Ken, qui dispose dans un mobile des grues et des boites pliées dans une toile aérienne ; Tatsuko, qui allie branches de sapin dorées et boules aux motifs de vagues japonaises sur des cartes de Noël.

Et les collègues aussi, et les étudiants. Surtout les collègues et les étudiants. Ce sont eux qui poussent et tirent la marée à l’école, et qui le font d’un grand rire franc.

Car après tout, les Japonais savent que les petits sourires, même accumulés, peuvent passer dans les trous du tamis. Et si le Japon est un gros morceau pour moi, mes Japonais de Montréal s’affairent à me le découper en petits morceaux tout à fait digestes.

Qui vient avant l’autre de l’oeuvre ou de l’oeuf? Qui a pondu, est-ce l’oeuvre elle-même qui déboule? En cette période de loteries et de tirages, je me pose trop de questions et j’en oublie l’essentiel.

J’ai un livre à vendre.

Mais comment vendre quand on ne sait plus? Comment aller chercher toute sa conviction de vendeur à commission quand le produit est le fruit de son propre amour-haine, son propre rejeton dont on connait chaque faille par coeur? Comment ne pas pointer chacune d’elles sous le nez des consommateurs, puis comment ne pas craquer?

Quand j’étais jeune (et déjà fort romantique), je voulais publier mon oeuvre posthume. Peur de la critique? Hum.

Mais voilà qu’entre-temps, mon dessous de lit a cédé comme une coquille, et des vagues et des vagues de pages ont profité d’un instant de vanité pour se reproduire.

Sont-ce bien les miennes? Ces pages d’il y a un an ne m’appartiennent plus; elles sont sinon à des mois de moi, sinon à vous et vos critiques.

Plus douces que les miennes, il va sans dire.

Je voudrais déjà avoir les mots ailleurs, mais je dois y perdre la tête et laisser la poule en moi caqueter ces mots :

« Recueil à vendre, recueil à vendre! Le Cahier mauve, designé avec gusto par le Cheval-Marcel, offert en différents tons de mauve, 25 $ pièce. Jeune auteure encore vivante. »

Ne vous y méprenez pas : le résultat est impressionnant. Le design rend superbement compte de mes écrits, et ceux-ci me rendent fière par bouts. Mais j’ai peur de la pérennité.

Aurait-il pu n’y avoir qu’un lancement sans fin, et pas de retombée?

-Merci à tous ceux qui se sont pointés à mon lancement, et à ceux qui ont acheté aussi. Vos commentaires et critiques sont bienvenus quels qu’ils soient. Ma réaction insécure n’appartient qu’à moi. Je tenterai seulement de ne plus la couver.-

Alors voilà, je vous convie au lancement du Cahier mauve, recueil de poèmes et de choses qu’on pourrait callligraphier, le lundi 15 aout de 17 h à 19 h, à l’Île Noire, Montréal.

Rien à ajouter

Je laisserai

L’espace se lire

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J’espère vous y voir!

Le Japon est sur hold dans ma vie actuelle. Je le tiens artificiellement muet, et il ne peut qu’ouvrir et fermer sa bouche de poisson en signe de mécontentement.

Ce faisant, il laisse passer le thé, un des seuls luxes que je lui accorde dans mon quotidien bouillonnant.

Les retours du Japon ne se suivent pas mais se ressemblent : chaque fois, je nie qu’il a déjà existé, que j’y ai déjà existé. Je refuse son importance et je me redéfinis comme une femme la plus occidentale qui soit.

Je vis le Japon comme un échec. Je retranche ces mois à ma vie. Je creuse un trou pour l’enfuir, puis le manque s’empare de moi. Il est liquide, inconsistant, avec des particules en suspension; bref, une tasse d’amertume. La même que je rebois chaque matin, les yeux vitreux, oublieuse de ce que j’étais il n’y a que quelques mois. Oublieuse de ce que j’étais pendant la nuit.

Oublieuse de ce que les nouveaux départs représentent : des courants qui me frappent de plein fouet, des prises d’air que je voudrais plus fréquentes, des mots dont je ne peux nier la facilité.

Parlant de mots, la carpe ne se laisse pas aussi facilement taire. Elle flashe ses couleurs même dans les eaux les plus inhospitalières. La preuve – pas encore concrète, toutefois : je travaille vers la publication d’un recueil de poèmes… et de calligraphies. De mots japonais, donc. Ou, plus exactement, de mots aux frontières du français et du japonais. De mots de l’entre, de mots du centre de moi.

Toujours des mots de salon de thé, comme dans 57,5 [ajku]. Le Japon prend bien la place que je lui laisse.