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New York, plus tôt aujourd’hui.

C’est le calme avant la tempête. « Est-ce que ça va être comme ça dans l’oeil du cyclone? » as-tu demandé. « Pas tout à fait, » a-t-il répondu avec son stoïcisme habituel.

Il a une façon de te rassurer qui te plait bien : il expose les faits, prépare pour le pire, ne tombe pas derrière les oeillères que tu te mets habituellement.

« Un moteur qui roule sans moi / en acier dur et froid / et je cours et j’enchaine / que la chute me surprenne »

Ça, c’est la tempête qui souffle dans tes oreilles avec la voix d’Ariane. C’est ton esprit d’aventurière du dimanche qui te fait regarder droit devant en tremblant.

Vous avez fait des blagues de fin du monde. Tu n’y crois pas – tout de suite – mais tu as peur, comme toujours. Lui, il rit gentiment, et puis tu ris toi aussi.

Tu te rappelles quand tu t’es vue emportée vers la mort, la tête in and out d’un courant sans merci. Tu as lutté, tes jambes étaient pleines de bleus après. Tu en as eu la preuve après, après les pleurs.

Aujourd’hui, c’est différent. À part le vent qui secoue les arbres et les torrents de gens à l’épicerie, rien ne laisse présager une mort soudaine. Pourtant, tu y penses pendant quelques minutes.

Le calme avant la tempête… à moins que la fin ne soit pas la tempête attendue?

Au creux de toi, ce même calme, ce même oeil bienveillant qui te fait dire : « Ça se peut que je meure en fuyant. » Et qui te fait penser, à la fois froidement et chaudement, aux messages que tu laisserais à tous ces amours.

La paix.

Entre Albany et Saratoga Springs, présent

L’urgence n’est plus, la paix est toujours là.

Tu as fui juste à temps, il est en sécurité, barricadé avec ses chandelles et son caviar.

Mais tu sais très bien qu’une autre fin du monde est possible. Qu’à cela ne tienne, ton âme est prête.

In the 3 minutes and 14 seconds
that this song lasts
I went back and forth in time
3 and 14 times
respectively.

Safely seated in the bus
I pointed my chin forward,
let past and future unfurl,
let go
back first.

Paris and its wild lights / trajectories I couldn’t grasp / too high on my bike / and his blurry picture / before me

rays of light, laughs / did we roll on the grass / trying to pick up a friend / fallen apple too full of juice? / yes we did

and did I make a wish / meaningful and dear / while everyone was away / except me and / a shooting star?

She says, « but there was not
enough space for you /
I couldn’t find any place
for you / now it’s too late »;
is it ever?

I let go
and forth,
into this life
and the next

This form is already souvenirs,
the rest comes in flashes
on a bumpy ride:

bodies curled in fallen leaves, crying / tears to come

I, chasing a rush of stars / through loud sound

« everything will be alright », your voice / fading soft

your kiss again, and its apple taste / city to go

tea scents

dog spirit

dismembering

snow bed

rose drops;

sugar rush

head massage

bass pumping

seasons’ descent

blood dripping.

Time flies
but I make space for all lives
I could and could not have,
I will and will not have,
all the same

words fly
leave whiter holes
perfect

In 3 minutes and 14 seconds
I have found a place for this
one thing
that’s all

* Here is the song I am talking about : Too Late, by Ariane Moffatt. *
* Oh, and I missed dVerse Poets yesterday, but I used their prompt anyway. *

Here is from my upcoming poetry (e)book in English, Borders. Stay tuned for more!

La synesthésie est embarquée dans le bus ce matin, avec Saint-John Perse, et on est partis faire un p’tit tour de jaune et vert sur Beaubien.
Il y avait toutes sortes d’arbres que je ne peux nommer ni encore moins décrire, les yeux plissés derrière mes lunettes en plastique pare-pollen. Tant pis, les poèmes feront la job, moi je ne connais que le monde de béton et de peinture déjà appliquée.
Ce soir je connaitrai celui des astres enchevêtrés. Peut-être deviendrai-je meilleure poète, ainsi bardée de vues téléscopiques et de vin. Peut-être pas. Mais j’ai le sentiment d’un vert sombre de forêt poignante, d’une ombre mouillée sur la pelouse dans laquelle je me trempe les pieds, d’une fontaine luisant sous un soleil lourd.
C’est ce que je me souhaite pour cette année. Ça, et un vent chaud qui sort d’une bouche de métro et qui me siffle un air de jazz. Toujours ce verre de vin.
On est maintenant dans les avenues, mon livre, ma folie des chiffres et moi – carrément « dans » puisque au-dessous du sol, au frais, bien à l’abri des dangereux collégiens en vacances. On se conserve bien ici : la poésie coule comme un miel jaune, les voeux s’envolent comme des grains de pollen neigeux. Il fait frais, il fait réconfortant.
Je ne sais pas où le bus nous a menés. Ce n’est pas le terminus, ici. Je suis encore dedans, et nous roulons dans les parcs bien arrosés. Dommage qu’il n’y ait plus de fleurs roses odorantes, me dis-je, un relent japonais en dedans de l’estomac.
Il y aura du beau, aujourd’hui; mon ventre le sent. Il y aura de la nature en ville, comme toujours. Il y aura d’autres natures, d’autres villes. Et au centre de tout ça, il y aura un livre mûr et moi, encore verte de ne pas savoir pourquoi.

J’ai pas que perdu ma France; j’ai aussi perdu une stabilité, une prise sur le sol ambiant, un peu de souffle aussi. Je suis entrée dans un labyrinthe de couloirs, j’en suis ressortie avec une poignée de sureté qui ne dure que le temps d’une avalée.

Gulp. Ce son dans ma gorge, cette trace d’amertume sur ma langue : la culpabilité d’être malade?

J’ai le vertige d’être si haut, plus haut qu’un arc de triomphe, la tête penchée et secouée par les tours du vent de Montparnasse. Non, ce n’est pas le vin; mon coeur se serre à l’idée d’y gouter, je panique à l’idée de gouter, de quoi que ce soit.

Le voyage part. L’autre départ arrive. Le tournis n’est qu’un symptôme.

Mais quand même le coeur de soi tangue, on ne peut que s’agripper à la rambarde, prendre un grand coup d’eau salée, et se souhaiter le meilleur.

Et si on tourne la tête, on voit les meilleurs des amis, secouant des mouchoirs pour soi. Et on se dit que le parcours est balisé, après tout.

Il n’y aura pas de chute.