Archives des articles tagués chocolat

les rues pour moi parlent féminin
mais Josipa en pointe noire
balance la dalle
et la maršala porte haute
la marque génitive

femmes, objets intégrés dans Paris
une histoire de tasse de thé
à neuf pouces de la tête du chéri
un viol par my big teddy bear
l’apparition féminine sempiternellement
aimée sous vide
un journal 100 % moi

« she gave me a winter coat
as a love gift;
I gave her a long deep French kiss

as a gift »
à pied on peut se rendre jusqu’à Saturne
Uranus au mieux
mais un lapin en peluche est condamné
à un seul selfie dans Téhéran

j’ai mangé à toutes les boites
les chocolats étaient tous ronds
dans l’orbite d’un autre

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Nouvelle année, nouveaux problèmes à résoudre en un tas de mouvements (plus de trois). Rien de grave : que des chiffres, pas de grands nombres. Du concret, de l’uni, des pierres retournées une à la fois.

Go.

2. En 1996, un conteneur arrimé faiblement au toit d’une Dodge Caravan blanche a lâché les amarres sur la 132 près de Cacouna et a rebondi 5 fois sur l’asphalte avant que le père de famille ne gare la van sur le côté, en descende et aille ramasser ledit conteneur en fulminant. Il attacha celui-ci à un poteau en se promettant de le ramasser à son retour, ce qu’il ne put pas faire puisque les gars de la voirie furent plus vites que lui (oui, vites l’adjectif, quins) : 32 minutes au lieu de 3 jours. L’asphalte a depuis été refaite 2 fois, dont une fois par pe beau-frère d’un de ces gars de la voirie, Gilbert Duguay. Si l’asphalte n’avait pas été arrachée puis reposée, a) qui serait Gilbert Duguay : le gars de la voirie ou son beau-frère? b) combien de fois Même aurait-elle pu passer sur cette trace pendant son aller-retour Montréal-Rimouski, en supposant qu’elle n’est pas sortie du tout de la maison lors de son séjour?

0. Le soir du 30 décembre, une famille un peu élargie fit une fondue chinoise à l’aide de bouillon Canton pour la sans-gluten, de propane et de jeux questionnaires pour réchauffer l’atmosphère. Deux cousines et une tante portaient chacune une couleur primaire sur elle. Les deux plus éloignées de la famille éloignée ont mangé deux assiettes de viande, puis elles ont fait bouillir le reste pour un sandwich ou un sauté chinois, de sorte qu’il ne restait plus de viande rouge – seulement un chandail.

1. Sous le sapin, entre les tas de cadeaux et les boutiques anglaises engluées dans la fausse neige en mousse trônait une crèche en bois, construite par l’oncle ébéniste (le même qui a construit la moitié de la maison). Dans cette crèche (ou à côté) figuraient des bonhommes démesurés, ceux de la Nativité. Tous regardaient avec amour et miséricorde un trou au centre, là où le berceau du petit n’était pas, puisqu’il était caché sous le divan quelques pieds plus loin, à la demande du jeune vénézuelien ayant habité cette maison dix ans auparavant. Cela aura pris une décennie à la famille pour arrêter de s’entêter que le petit Jésus était né avant le 25 décembre. Sachant cela, combien de Vénézueliens y a-t-il dans cette histoire?

4. Deux filles et leur mère faisaient les desserts pour le réveillon par un bel après-midi froid du 24 décembre. La mère avait retapé les recettes tachées de sa propre mère dans Word et les avait imprimées, pas toujours une par feuille. Une fille n’osait plus licher la cuillère de bois à cause du Crisco, l’autre mesurait puis échappait une bonne part de chaque ingrédient sur le sol, dont beaucoup de cacao sur la céramique blanche. Elles firent des recettes traditionnelles : dominos (aussi appelés « nanaïmos » par les gens qui n’en ont jamais vus au large), rouleaux de chocolat Baker’s et de guimauves pastel, macarons-pas-fancés (les tas à la noix de coco et au chocolat), gâteau froid aux biscuits Village et café instant. À la demande répétée d’une soeur, elles préparèrent aussi des biscuits au beurre de pinne, suivant pour ce faire la recette imprimée sur le pot de beurre léger, « parce que hein ». Considérant qu’au réveillon, le père et une amie se joindront à elles et qu’une soeur ira se coucher sans manger de dessert, a) dans quelle région du Québec habite la famille? b) pourquoi manque-t-il une soeur pour le réveillon? c) qui a installé le logiciel Word sur l’ancien ordinateur de la maison, un Pentium 486? d) combien de personnes ont gouté à l’un ou l’autre de ces fabuleux desserts de Noël ce soir-là, sachant qu’il n’y a pas eu la visite d’un voleur?

Solution :
« Toutte est dans toutte » qui est dans toutte.

Bonne fin d’année 2013 et bon début de 2014. Je vous souhaite une année de folie et de niaiseries. Trempées dans le chocolat Baker’s fondu.

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Pourquoi cette fixation sur le transit comme thème de nos vies?

Peut-être parce que rien n’est fixé, justement. Tout passe… et laisse sa marque en passant. Les émotions, comme de gros chunks de chocolat avalés tout rond, irritent l’oesophage, font gicler des acides, débattent le coeur. Qu’on aime ou non, on ingère, prend ce qu’on peut quand ça passe, puis on doit recommencer, le chocolat étant ce qu’il est – c’est-à-dire fondant.

Je me sens parfois comme un gros bloc de chocolat, fort au gout mais friable et fondant, justement. Je me dis parfois que les femmes sont faites en chocolat – et non en bois, peu importe ce que vous en pensez. Elles émeuvent, font saliver, fondre, battre. C’est à se demander pourquoi j’ai utilisé le pronom elles au lieu de nous.

Je suis le chocolat pendu dans mon estomac, tentant de se reposer du mieux qu’il peut dans un environnement anxiogène. Je me sens aussi suspendue dans cet air qui passera à travers tous vos poumons, l’un après l’autre. Pas seulement en transit : en transition.

Je ne vais pas quelque part comme Hiroshima, cette fois. Je passe par quelque état pour arriver… à moi, toujours. C’est comme ça. On ne peut pas être partout.

D’un appartement à l’autre, d’un ménage à l’autre, je prends le temps pour moi, de m’écouter mais aussi de me mettre sur mute. Et j’en profite pour aimer… et pas que le chocolat.