Archives des articles tagués automne

dormir à l’envers du lit, la tête aux pieds, sans défaire les draps, une bande rouge comme ciel mais invisible

l’oeil nu s’éclate. une griffe, une dent, un jeu. le chat ne me croit pas

et il a bien raison. je palpe des livres de flanellette mauve comme un enfant analphabète, la bouche en

bave, l’horreur. le mou s’accommode bien du mou. mes yeux sont mous, le noir est mou, le vent

est noir. je pixellise des obligations, en ris. le chat s’assoit perplexe, je ris,

la tête dans un sac de couvertes. il fait trop de degrés pour que je croie à mon hibernation, de toute

façon le vent m’apporte une odeur de céréales. chaudes,

noires. longues.

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En tout cas, des poèmes en 5 lignes. Un
soir de chauffage, de tisane et de poil. Originally published on my Twitter account, @meme_aimee.

1.
tu me dis si seulement
je te dis c’est mieux pas
pour toi
l’histoire se retourne
contre moi

2.
ajouter des espaces dans un poème
pour
laisser les mots respirer
à ma place

3.
créer de l’espace entre mes omoplates
là où l’amour est
coincé
juste comme il faut
(pas) aimer

4.
rose d’automne et
jour des morts si près
ce soir le thé me rappelle
à la vie
aux morts

5.
i’d like to love
but i don’t know how
(not) to
stay all open
to heartwaves

6.
life is just a matter
of timing
we are scattering ourselves
in all directions, expecting
to be crossed

***
and to cross me, follow my new tumblr, hiroshimem.

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I no longer write / long poems
Je peux pus / écrire au long

Je redouble d’intensité / je vis
I intensify / I live / I see

the open field / of my dreams
le champ s’ouvre / je rêve

de thé / et d’eau fraiche
tea flows / as fresh as water

I run / to this poem’s fall
toute bonne chute / a une fin

la mienne n’est pas / écrite
so many ends / left to write

ciel_sale

PIS UN AUTRE

mon coeur s’emballe / pour moi
and then my heart / unwraps itself

ciel_propre

PIS UN DERNIER

I thought the clouds / would fit
Suis-je trop / pour les nuages

Mon âme aujourd’hui, une feuille d’érable
tombée, certes, mais aussitôt envolée
un appétit de terre et d’air
planté sur un corps de rosée

Il y a de ces jours où le coeur
veut aller plus vite que le respir
et s’enfarge dans la feuille sur le tapis
et ébrèche le bec de sa théière

Avec l’automne mon souffle est revenu
à la base, pu-er sur feuilles
question de décanter les battements
du reste des évènements réels

Les gestes ont dû reprendre le dessus
et les autres directions, dont la grâce
d’avoir été une feuille parmi tant d’autres
et peut-être aussi le chat

Mes mots coulent d’un coup, trois doigts
d’eau au fond du bol, et frappent
les parois pour rendre vert
ce qui reviendra à mon essence

Photos instagrammées. Suivez-moi: @meme_aimee.

Ce moment où tu prends une gorgée et ne chokes pas
ton moment avec toi-même
ta feuille empruntée
ta capacité à réfléchir
les lanternes à ta surface

tu es une gorge profonde
un puits aux parois rocheuses
mousseuses
presque moelleuses
selon la saison
tu acceptes

ce moment où tu relies les couleurs entre elles
d’une coulée de bouette sous les feuilles
au bec de ta théière
tu collectionnes les tons d’orangé
et les nuages complémentaires
tu réfléchis
les sourires sur tes lèvres

tu es une langue de feu
plus ou moins vivante selon la pluie
et le vent qui t’anime
le matin ou le soir
tu acceptes

ce moment où la douleur se raccroche à toi
comme à un tronc d’arbre salvateur
tu touches du bois
sans le vouloir
tu traces sur l’écorce quelques mots
un sacre dans la terre

tu revoles

tu es aux commandes malgré le saut
de quelque chose d’intangible
ton souffle reste à la surface
des cascades
des bougies
et balaie ta tasse de thé
avant que tu ne deviennes

l’automne
et toi
dans ton corps en jeu.

*Photo instagrammée*

There’s something on the ground like fallen heartflakes that strangers trip upon. So many tears shed in the last two years, two whole cycles of slowly getting up and avoiding to crush her own body parts. Now she was almost able to say, « Here is my chin. See? »

With her chin down there were advantages: She could probe sidewalk cracks for darkness to compare hers with, she could see more shit than most people do on a normal day, … and she could notice how nature’s fall had laid a carpet to make her life a little softer.

Yes, that’s what life would do, always. No matter how red or grey or black or rocky her bed, there was hope. No matter if she had to lay down on cement to soothe her vertigo, there was a rise to come. No matter how shot through with rain and pain she was, there was beauty and pleasure to come, too. To come through.

Why was she crying again? Why was she laughing? The wind blew rotten memories along with lively ones, all before her feet so that she could imagine her future steps. Every leaf she walked on let out a sound, a light, a song for her to remember.

Re-member: Put back together limbs. To do so make sure they touch the ground, the walls, the sky first, then re-assemble with the help of some sort of joint.

All of a sudden she knew what she had to do. She bent down so swiftly her palm had to press itself against the ground, and then, despite the spin in and around her head, she carelessly picked up a handful of fallen leaves and twigs and rocks. Standing back up in a jump, she said,

« There comes my heart. Good to feel you back, heart. »

La vie s’opère comme un tri. Les angles s’estompent; les gros morceaux immangeables restent dans le tamis, et les doux flocons m’aspergent. Encore faut-il que je les voie à travers la brume…

Il y a de ces jours comme aujourd’hui, des dimanches pour la plupart, où le recul se fait tout seul, parce que tout ce qui est dû n’est pas du travail, et que les cadres sont de nouveaux lieux.

Les vents m’ont repoussée à Montréal après l’écueil japonais. Mon retour fêtera son premier anniversaire en janvier; mon malêtre a déjà fêté le sien. Mais au lieu des larmes, c’est le rire, cristallin comme un verre de vin blanc, qui coule : depuis mon retour, que d’amitiés et de relations de travail riches.

Et des Japonais. Beaucoup de Japonais. Je les appelle secrètement « mes Japonais »; ils (en majorité elles) sont tous, sans exception, ces Japonais que j’aime, ceux qui ont une fibre d’érable au coeur, une passion de décrire la neige en français, un souffle de curiosité bon enfant qui tient chaud.

Qu’ils soient venus au Québec ou ailleurs m’importe peu; ce que j’aime, c’est qu’ils soient venus. Et qu’ils insufflent dans ce qu’ils font cet esprit communautaire qui les caractérise, tout en le faisant de manière inclusive.

Il est beau de voir tous ces couples canadonippons qui se complètent et se comprennent. Il est beau de voir des Japonais regarder mon recueil de poésie et de (pseudo)calligraphies, et montrer un intérêt authentique envers ce détournement d’art traditionnel. Il est beau de voir ces Japonais artistes qui plongent : Ken, qui dispose dans un mobile des grues et des boites pliées dans une toile aérienne ; Tatsuko, qui allie branches de sapin dorées et boules aux motifs de vagues japonaises sur des cartes de Noël.

Et les collègues aussi, et les étudiants. Surtout les collègues et les étudiants. Ce sont eux qui poussent et tirent la marée à l’école, et qui le font d’un grand rire franc.

Car après tout, les Japonais savent que les petits sourires, même accumulés, peuvent passer dans les trous du tamis. Et si le Japon est un gros morceau pour moi, mes Japonais de Montréal s’affairent à me le découper en petits morceaux tout à fait digestes.

Une heure de gagnée, une heure de perdue à écrire ce que j’aurais pu en faire.

Une heure de rêves gras, enrobés du coco encore pris entre les dents.

Une heure de dent contre les chroniqueurs démagogues et leur perte de temps à écrire sur l’heure gagnée.

Une heure de cernage de journaux gourmands à la couleur café.

Une heure de pistonnage de fruit, pas de chocolat non merci, monsieur est allergique.

Une heure de flattage de chat contre une heure d’écorchage de cuisse à travers le skinny trop froid.

Une heure de gelage sous un soleil trop froid, trop concentré dans ses faux verres.

Une heure d’arrière-gout dans le fond d’une tasse électrique.

Une heure de musique de démembrage alors qu’on est clairement assise en indien dans le divan.

Une heure où rien ne bouge, même la poésie qui ne sait quoi faire de soi.

Une heure élastique, où on peut être son personnage du dimanche.

Une heure dans la ville du regret du conformisme, où l’on se trempe pourtant aisément.

Une heure d’expérimentation d’une tête à rebours. Laquelle?

Cette nuit sinistre me porte des idées macabres et, surtout, le courage de remplir un défi. Geneviève Gauthier m’en a envoyé un pas piqué des vers : « un poème en prose qui glace le sang et traumatise les enfants, bref quelque chose de spooky, pour que ton lecteur ait peur ». Aie peur, lecteur, aie peur pour que je n’aie pas à recommencer ce défi inquiétant. Et nourris-moi de défis aussi, pas de gummies.

Go.

Tu m’enlèves les vers de la bouche mais ne les pose pas dans ce poème. Tu les apprêtes les mets dans les sacs d’enfants grouillants, les laisse ramper à travers les vêtements provisoires jusqu’au profond des peaux énervées.
Les vers jouent une décomposition de leur cru. De chair en chère ils se régalent laissant les cris de douleur se mêler aux rires des sorcières mécaniques et aux trucs de traite d’enfants.
Roulent les cris des gueules les vers des tombes les corps muets sur le sol mou comme une poche. Autour des orbites roule le noir de l’appréhension de l’incompréhension de la consternation.
Une constellation d’enfants abandonnés s’étale sur le givre qui s’attaque aux vers les mord mais trop tard.
Tu passes devant de nouvelles décorations d’Halloween les juge réalistes te dis : « C’est fou ce qu’un simple poème peut faire. »

I am looking for the word spilled on the street, yes, the same you dropped by on your way to the fall.

I may be inspired by Interpol. Gloomy music composes the thread of my days, the threat to my ways. It’s like saying, or rather singing to the wind, « Never stop whirling these things in my head. Never top my head with heatwaves anymore.

Fill me with nature filtered through town. »

My heart is heavy, but how could it be otherwise? How could I want it light when even winds are strong and deep? When the ground’s dirt is being lifted up, and transported to my heart altogether?

Could I just want it that way, and never complain anymore? Could I just accept the dirt for being dirty, the filth for being filthy, the shit for being all the same?

I might be insane, as you might say. (That leaves us with « being sane » as the most probable thing that could happen to me.) But I might just as well be fond of dark paths and scary parts, mad cats and weary naps.

You never know, I might be a diver too. Or a pioneer, if it does matter. And I’m gonna sing it up to the moon, as another tiring autumn day vanishes blankly in the crisp air.