Archives mensuelles de août, 2011

Par suite au poème laissé en commentaire par Marc Aurel après Doutes, je relance la balle dans le miroir.

Si je te serrais
D’un coup de vis à vis nous
Nous retournerions

J’essuie les traces de
Ce revers que je ne suis
Pas allée au fond

(Pour voir le début de ce marathon poétique : Écrits éparses et parsemés. Le poème d’aujourd’hui inclut le dernier mot du poème de Lubidineuse, « suis ».)

Et hop! Catché le relais de lubidineuse, et caché le mot final de son pouème Tempête dans le pouème qui suit.

(Vous assistez actuellement au défi à relais institué par lubidineuse. Ce relais part dans tous les sens, donc si vous avez envie de partir avec mon ou son dernier mot vous aussi et d’en faire un pouème éclair, courez-y, et auto-promeuvez vous ici.)

Si la vie dégoutte
Un thé et je ne redoute
Que mes doutes si tendres

Sur cette page, l’archivage de pouèmes publiés sur Twitter. Parce que je ne peux pas me permettre de les laisser couler entre mes mains… et que je veux leur assurer une pérennité selon mes propres paramètres. Tout n’y est pas, mais ça viendra.

La poésie me / quitte…

Appel de mon lit / une porte close et le chat / se rappelle de moi

Racing for a tea / racing for more free time as / fast as kitten goes

Learning or teaching / standing or sitting, thinking / forgetting students

European time / wine and unsettling dreams / handing out my heart

Le cou tourné et / l’inattention me décoche / des vacances toutes neuves

Legs under cover / some freshness still to be found / at the knee’s corners

En sandales de douche / et en maillot de vitesse / l’ours polaire se mouille

Votre visage laisse / toutes ces voix parler plus fort / de nos maladies

Tweeter encore et / toujours la même maudite pub / voyez-moi please do

Off to write out of / my teapot on a table / of prepositions

Mes yeux ferment tout seuls / la lampe qui attire la mouche / qui attire le chat

Burning clouds topping / the most pressurable day / but freshness to come

Fat morning / spreading on me for hours / dreams of milky straits

Paranoïa / au moins tu me prends / pas que pour moi

A glass of pale ale / and life’s bitterness / is all flushed away

Du vent au ventre / il n’y a qu’un pas / qu’un re

L’amour gonflé comme un sac / de ligaments entrecroisés / et perdus dans la distance qui les baigne

L’inspiration me rattrape au son / des sirènes de Saint-Henri / qui mordent leur queue / et étalent leur pauvreté

Jusqu’à ma bulle d’autres villes / le vent me pousse l’odeur / le sable / doux grésillement sur mes lèvres

Pleurer dans l’ombre / de tes cheveux / je cherche / l’odeur du sommeil

Le train passe mais je ne tremble pas plus qu’à l’habitude peur du dehors et du dedans de la membrane

Le sommeil me rattrape / fil de nerfs remontant ma joue / jusqu’à te tendre une larme

Un train passe dans St-Henri / serait-ce ton odeur / qui revient?

Montréal dans les vapes / je n’y suis pas encore / au sommet

Belvédère sur l’invisible / toute l’eau se perd / toute l’eau se crée

Nos ailes déposées / sur des lits de papier / traversées d’une même phrase

Repousser toujours / la poussière à demain / faire d’hier deux coups / de moppe

Verre au vin / vidé / comme un moi en morceaux / fêté

Spleen du dimanche / dilatation des semaines / qui n’en finissent plus de recommencer

Parfum d’une moiteur / de nuages mouillés / capitonnée de fleurs

Pâques / essayer de rouler sa pierre / à la pharmacie / et ressusciter

Montréal comme un 1er juillet / les filles montent leurs jambes / les hommes montrent leurs meubles

Brulant enfin / je cours à vide mais / je crée du vent

Qui vient avant l’autre de l’oeuvre ou de l’oeuf? Qui a pondu, est-ce l’oeuvre elle-même qui déboule? En cette période de loteries et de tirages, je me pose trop de questions et j’en oublie l’essentiel.

J’ai un livre à vendre.

Mais comment vendre quand on ne sait plus? Comment aller chercher toute sa conviction de vendeur à commission quand le produit est le fruit de son propre amour-haine, son propre rejeton dont on connait chaque faille par coeur? Comment ne pas pointer chacune d’elles sous le nez des consommateurs, puis comment ne pas craquer?

Quand j’étais jeune (et déjà fort romantique), je voulais publier mon oeuvre posthume. Peur de la critique? Hum.

Mais voilà qu’entre-temps, mon dessous de lit a cédé comme une coquille, et des vagues et des vagues de pages ont profité d’un instant de vanité pour se reproduire.

Sont-ce bien les miennes? Ces pages d’il y a un an ne m’appartiennent plus; elles sont sinon à des mois de moi, sinon à vous et vos critiques.

Plus douces que les miennes, il va sans dire.

Je voudrais déjà avoir les mots ailleurs, mais je dois y perdre la tête et laisser la poule en moi caqueter ces mots :

« Recueil à vendre, recueil à vendre! Le Cahier mauve, designé avec gusto par le Cheval-Marcel, offert en différents tons de mauve, 25 $ pièce. Jeune auteure encore vivante. »

Ne vous y méprenez pas : le résultat est impressionnant. Le design rend superbement compte de mes écrits, et ceux-ci me rendent fière par bouts. Mais j’ai peur de la pérennité.

Aurait-il pu n’y avoir qu’un lancement sans fin, et pas de retombée?

-Merci à tous ceux qui se sont pointés à mon lancement, et à ceux qui ont acheté aussi. Vos commentaires et critiques sont bienvenus quels qu’ils soient. Ma réaction insécure n’appartient qu’à moi. Je tenterai seulement de ne plus la couver.-

Titre qui ne dit rien, s’il en est un. Surtout pas sur le contenu, qui ne sera pas qu’anglais, n’en déplaise à mes lecteurs occasionnellement unilingues.

I was not made for writing tonight. But wine and Interpol have put my back to it.

Je me suis faite évitante du thème de ce blogue, récemment. J’ai tenté de (et réussi à) fuir le Japon, mais il m’avait tendu un guet-apens : me revoilà la langue dans les pattes, les mains pus faites à mais prises dedans, prepositions and postpositions all in the wrong places.

On me dit que ma passion pour le Japon ressort de mes trous, parait. (Could it be that it’s what I’m trying to hide under not-so-Japanese-at-all food, down my gulping system?) Et ça me dérange. Parce que le japonais en moi n’est même pas japonais, à la rigueur. Mais ça, tout le monde s’en fiche, puisque le québécois en moi n’est pas québécois non plus, il n’est qu’une intériorisation imparfaite, loin de l’image mais près du coeur, loin de la tête, le plus loin possible.

Mon identité est tracée à grands traits de goudrons, and I can’t get away from that.

Voilà pourquoi je me lance, peut-être : afin de me défaire de ces morceaux d’identité lourde, de ces pavés de béton.  Ce cahier sera mon excuse : « Pardonnez-moi d’être moi, c’était trop dur, maintenant c’est fait, let’s jump forward to something else. » And you won’t even believe me, ’cause everything you will have seen will be new to you. Or it will fit exactly your idea of me.

Mais j’étais déjà. Et je suis… en construction. Un construit. Comme un livre. Comme une identité de personnage, qui se perd si l’auteur n’arrive pas à suivre le fil qu’il a lui-même tracé d’un chapitre à l’autre.

I got lost on the way. Where was I going already? Or: Where was I coming?

To me… Where else? To (erase, eradicate, exacerbate) the Japanese part of me.

La discussion interne semble prometteuse. Je regrette de ne vous en laisser qu’un tas de mots poétiques, toujours aussi loin de la concrétude. Je ne peux faire mieux : le vin m’achève. But don’t worry: J’aurai toujours des ressources. Toujours les mêmes, direz-vous, mais ce n’est pas parce que je n’essaie pas.

So see me come out of my shell, and try to understand, or me, or the shell. Japanese wasn’t made for me either.

Nor was I made for keeping words down.