Je ne serai pas tranquille tant que je n’aurai pas tout avalé : mots, heures d’éveil et de sommeil, morceaux de trottoir râpeux comme une pilule de trop l’été.

Je ne serai pas tranquille tant que je n’aurai pas tout avalé sauf la pilule.

Je voudrais être déjà guérie sans même avoir pris la moindre croquée de médicament. Sans avoir pris la moindre croquée de douleur. (Puisque, semble-t-il, il faut en profiter. À moins que ce ne soit l’apprécier? Le verbe m’échappe alors que la douleur… non.)

Que faire de l’attente? Que faire des trous entre? Qu’est-ce qui est un trou et qu’est-ce qui n’en est pas un? Est-ce qu’un trou est forcément vide?

Ma vie ne l’est pas. Elle est pleine de toutes ces petites impatiences, les fesses douloureuses des chaises, à me peindre des faux-feelings sur le corps du type : I feel left behind, I feel ignored, I feel disrespected, I feel emptied. Je me sens sac, je me sens sale, je me sens la tête en bas.

Le trottoir est proche, donc, et parfois, c’est un bon remède contre le mal de bloc. Ça s’appelle l’homéopathie en grande quantité. Comme combattre un élément (ex. : le chaud) par ce même élément (ex. : le chaud). Ou encore l’homéopathie par l’homéopathie… Non, ça marche pas tout à fait.

J’ai la tête dure et la journée dure à boucler. Mon quotidien est une séquence de choses à avoir faites liées par des marques de frustration.

Des marques de dents? J’en doute. En général, j’avale mes pilules, ça passe plus vite.

Bonne digestion dans le noir.