Archives des articles tagués amitié

un de ces matins d’eau douce

à la décharge, acharnée

la casse des cheveux

la main comme lien avec soi

je tire arrache un trait

sur le moule à souvenirs,

les peaux cristal des soirs

aux gorges amies chantent

je me retrouve catimini.

mon insula à fleurs de mauve,

les racines en potée en liesse

des patchs de vin à la ronde

il y a dans le bleu perle

des vérités qui s’entremollent

une main sur un chat gris plume

l’autre sur ma tête de repousse.

Le premier jour de l’hiver, j’ai eu une tempête.

Quand je me suis réveillée, l’appartement était tout blanc et froid. Le bonhomme de neige à mes côtés avait été éparpillé au vent. Mon corps était sans marque, comme par magie. Mais ma tête était dans un blizzard terrible.

Je me suis levée, enroulée de flanellette, et j’ai mis mes mitaines rouges d’enfant. J’ai déterré Ce Chat, qui s’était creusé un fort sous la couette. Il y avait des glaçons de pris dans ses moustaches, mais il était intact, c’est-à-dire miaulant. Sa plainte se perdait dans le vent.

J’entendais un crépitement de radio dans mes oreilles piquantes : travail… fermé… aujourd’hui… maison… dodo. Mais mon appartement enneigé, je devais trouver mon cocon ailleurs, à l’extérieur, le temps de laisser fondre tout ça. Braver le froid qui déchire et met à nu. Perdre mes pensées une à une au rythme de mes orteils. Trouver une sorte de paix dans la grisaille miroir pour pouvoir mieux affronter le blanc perçant, ici, en dedans.

Aller voir ailleurs où je suis.

J’étais dans le bus, surchauffée. J’étais dans un café, branchée. J’étais dans une salle de spectacle, bondée de bonshommes sans neige. J’étais dans une pizzeria, cassée. J’étais sur le trottoir, errée. J’étais dans un salon de thé, noyée. J’étais dans un bar, empêtrée. J’étais dans le métro, trouvée.

Oui, j’étais là, dans le métro. C’était bien moi que tu as vue derrière la vitre plastique, celle sur laquelle j’ai cogné de ma mitaine rouge. Oui, cogner m’a réveillée. Oui, tu m’as souri, tu m’avais reconnue. Oui, je m’en allais chez moi.

La tempête s’était calmée. J’avais eu une tempête.

Je suis rentrée dans mon appartement nickel. La neige avait fondu avec le chauffage au fond. Il restait des flaques d’eau que Ce Chat léchait avec application. J’ai enlevé mon manteau et mes mitaines rouges pour poser mes doigts et mes cuisses aussi rouges dans les couvertures. Mes vêtements avaient été gris. Tout le reste de mon corps était blanc. Tout le reste de mon corps n’était pas de glace.

Le premier jour de l’hiver, il y a eu une tempête.

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J’ai pas que perdu ma France; j’ai aussi perdu une stabilité, une prise sur le sol ambiant, un peu de souffle aussi. Je suis entrée dans un labyrinthe de couloirs, j’en suis ressortie avec une poignée de sureté qui ne dure que le temps d’une avalée.

Gulp. Ce son dans ma gorge, cette trace d’amertume sur ma langue : la culpabilité d’être malade?

J’ai le vertige d’être si haut, plus haut qu’un arc de triomphe, la tête penchée et secouée par les tours du vent de Montparnasse. Non, ce n’est pas le vin; mon coeur se serre à l’idée d’y gouter, je panique à l’idée de gouter, de quoi que ce soit.

Le voyage part. L’autre départ arrive. Le tournis n’est qu’un symptôme.

Mais quand même le coeur de soi tangue, on ne peut que s’agripper à la rambarde, prendre un grand coup d’eau salée, et se souhaiter le meilleur.

Et si on tourne la tête, on voit les meilleurs des amis, secouant des mouchoirs pour soi. Et on se dit que le parcours est balisé, après tout.

Il n’y aura pas de chute.

Aujourd’hui a eu lieu la lecture de poésie de Yolande Villemaire, Claude Beausoleil et moi-même dans un espace qui m’est cher, soit l’école CLC.

La lecture venait dans le cadre d’un vernissage qui réunissait plusieurs artistes de la région de Montréal et dont le thème était l’amitié (I saw my reflection come right off your face).

Reculant devant les oeuvres afin de mieux en apprécier les couleurs, nous avons relevé le défi de nous inspirer d’une d’elles pour l’intégrer à nos lectures. Le tableau suivant de Chantal Khoury (son site Gallerish ici) m’a enlevé les mots de la tête et me les a fait poser sur un papier (ou plutôt, un écran). Voici l’oeuvre en question et le poème qui ne l’est pas moins :

I saw my colours come right off your face
And I didn’t know what to do but
Leave
them on you
Leave
purple stains in my vision field

I saw them peel off
stains
and all was left was a purple crow
all was
left

I saw your colours come out
right
and you were left wearing nothing
but
friendship is a clear thing,
isn’t it?
You were transparent
I was left
stared at

There I was
transparent
too
transparent


Une invitation pour vous tous, pouètes et artistes dans l’âme!