Qui vient avant l’autre de l’oeuvre ou de l’oeuf? Qui a pondu, est-ce l’oeuvre elle-même qui déboule? En cette période de loteries et de tirages, je me pose trop de questions et j’en oublie l’essentiel.

J’ai un livre à vendre.

Mais comment vendre quand on ne sait plus? Comment aller chercher toute sa conviction de vendeur à commission quand le produit est le fruit de son propre amour-haine, son propre rejeton dont on connait chaque faille par coeur? Comment ne pas pointer chacune d’elles sous le nez des consommateurs, puis comment ne pas craquer?

Quand j’étais jeune (et déjà fort romantique), je voulais publier mon oeuvre posthume. Peur de la critique? Hum.

Mais voilà qu’entre-temps, mon dessous de lit a cédé comme une coquille, et des vagues et des vagues de pages ont profité d’un instant de vanité pour se reproduire.

Sont-ce bien les miennes? Ces pages d’il y a un an ne m’appartiennent plus; elles sont sinon à des mois de moi, sinon à vous et vos critiques.

Plus douces que les miennes, il va sans dire.

Je voudrais déjà avoir les mots ailleurs, mais je dois y perdre la tête et laisser la poule en moi caqueter ces mots :

« Recueil à vendre, recueil à vendre! Le Cahier mauve, designé avec gusto par le Cheval-Marcel, offert en différents tons de mauve, 25 $ pièce. Jeune auteure encore vivante. »

Ne vous y méprenez pas : le résultat est impressionnant. Le design rend superbement compte de mes écrits, et ceux-ci me rendent fière par bouts. Mais j’ai peur de la pérennité.

Aurait-il pu n’y avoir qu’un lancement sans fin, et pas de retombée?

-Merci à tous ceux qui se sont pointés à mon lancement, et à ceux qui ont acheté aussi. Vos commentaires et critiques sont bienvenus quels qu’ils soient. Ma réaction insécure n’appartient qu’à moi. Je tenterai seulement de ne plus la couver.-