Cette nuit sinistre me porte des idées macabres et, surtout, le courage de remplir un défi. Geneviève Gauthier m’en a envoyé un pas piqué des vers : « un poème en prose qui glace le sang et traumatise les enfants, bref quelque chose de spooky, pour que ton lecteur ait peur ». Aie peur, lecteur, aie peur pour que je n’aie pas à recommencer ce défi inquiétant. Et nourris-moi de défis aussi, pas de gummies.

Go.

Tu m’enlèves les vers de la bouche mais ne les pose pas dans ce poème. Tu les apprêtes les mets dans les sacs d’enfants grouillants, les laisse ramper à travers les vêtements provisoires jusqu’au profond des peaux énervées.
Les vers jouent une décomposition de leur cru. De chair en chère ils se régalent laissant les cris de douleur se mêler aux rires des sorcières mécaniques et aux trucs de traite d’enfants.
Roulent les cris des gueules les vers des tombes les corps muets sur le sol mou comme une poche. Autour des orbites roule le noir de l’appréhension de l’incompréhension de la consternation.
Une constellation d’enfants abandonnés s’étale sur le givre qui s’attaque aux vers les mord mais trop tard.
Tu passes devant de nouvelles décorations d’Halloween les juge réalistes te dis : « C’est fou ce qu’un simple poème peut faire. »