Regarde, même le français, langue puriste par excellence, me permet pas de me donner des ordres.
Mais des fois, faut croire qu’avant d’être française, ma tête est humaine. Langagière. Vidangière. Parce qu’elle tient à frapper quelque part, sur quelqu’un qui porte des lunettes même, sur quelqu’un qu’elle maintient debout en perpétuelle vacillance.
Va, parle-moi au tu, tête. Le français te le permet. Tu peux continuer à crier… mais tu ne m’auras pas. Tu ne me seras pas, car je suis je. Et toi, tu es tue.
Encore faut-il que cette distance soit réelle, que ce dédoublement ne soit pas psychiatrique. Après tout, avec la perte du -s à la 2e personne du singulier de l’impératif, les verbes n’en deviennent-ils pas étrangement proches d’une 1re personne? Le tu étant sous-entendu, qui a dit qu’il était bien tu?
C’est le -e final, le euh de la distance et de l’hésitation. Comme dans : « Attends minute, euh… Parle-moi pas de même, toi[moi] là. »
Pour ma santé mentale et mon sens de complétude, je préfère croire à ma grammaire sans (plus) poser de question. Me fier à l’expérience, quoi.
Et quand cette voix du mauvais sens m’exhorte sans sens, je lui réponds au lieu de la prendre pour moi. Et quand elle s’évertue à me dire de pouvoir à l’impératif, j’use de mon pouvoir et lui réponds calmement, du plus fond que je le puis.
Puisse cette journée vous être aussi bienveillante que la mienne.
C’est bien.
Tu (vous), bref, on est sur la bonne voie.
Oui, je le suis, je la suis, quoi.