De retour à la mer et aux terres d’origine, je me sens rafraichie. Deux jours de retraite en pleine civilisation trop connue mais à redécouvrir.
Premier arrêt : moi. Je revêts d’anciennes froques et des murs d’antan, et pourtant, rien n’est là que je reconnais. Le spleen pèse léger cette fois, et j’en suis fort aise.
Jadis, et même pas tant, le vent me battait du large au long, m’envoyant toutes sortes de culpabilités, de stress, de nombrilismes en tête. Aujourd’hui, l’air s’est tu et s’est mis au soleil. Le contrôle ne me sort plus par les narines. Le vent se pointerait que je me laisserais pogner dedans, enfin.
Les deux pieds sur terre, enfin? Je n’irais pas jusque-là, j’ai déjà fait ma part de route hier. Mais ça fait du bien de ne pas être alourdie de la peur d’un passé sans relâche.
J’ai un vide en dedans, qui ne m’effraie ni m’émeut.
(Ou alors si peu. Sinon cet article ne serait.)
Si grandir n’était ni se construire ni se détruire? S’il n’y avait que ça?
Devant mon sencha plus grillé que la mer, devant le sel sur mes lèvres, devant les absences et les présences, je tape des mots qui n’ont pas à se justifier. Je m’étale devant et je vis, sûre d’être déjà moi, Aimée.
Et dire que c’est là que tout a commencé.