Écrire, non mais. Mais je ne dis jamais « jamais ». (Peut-être dis-je trop « toujours »?)
Vous inquiétez, j’arrêterai pas d’écrire comme ça. En fait, je n’arrêterai pas de ce pas. Rien à faire, il y a trop de mots en moi, et même plusieurs qui se répètent. Si certains s’épuisent, eh bien j’en apprendrai d’autres, voilà.
C’est seulement le vieux milieu de l’Écriture et de la Littérature qui me pue la poussière au nez. Celui qui ne retient pas ses soupirs lorsque ce qu’il entend dans un colloque ou une lecture ne colle pas avec ce qu’il considère comme littéraire. En fait, pour lui plaire, j’ai l’impression qu’il faudrait imiter les Anciens sans que ça paraisse, en changeant un mot ou deux. Et bien sûr, il s’inclut dans les Anciens.
L’authenticité est pourtant primordiale, à mon sens. Je ne peux qu’écrire que des faussetés quand j’emprunte des mots, mal formés à mes pieds.
Une lecture de poésie m’a mise dans cet état de drame. Le ton général était respectueux, généreux… et jeune, aussi. Mais quelques figures autoritaires étaient là, établies, écrasantes de leur seule présence. (Peut-être mon vin était-il lourd aussi…) L’ambiance était à la critique alors que pour moi, la littérature est un amour des mots, un jeu avec la langue, une échappatoire à la raison.
Suis-je naïve? Sans doute. Suis-je en train de transposer des tensions vécues au Forum sur la création littéraire du Québec? J’en doute… au moins un peu.
Le poète écrit sur papier ou sur écran, se vide le coeur en ouvrant le sac entre lui et ses lecteurs. Bref, même s’il leur vomit dans la face, il se garde une petite gêne de plastique aseptisé. Le poète n’est pas nécessairement à l’aise de déblatérer ses textes à froid; il préfère être lu puis n’être questionné qu’une fois le texte infusé chez l’autre.
Le poète a-t-il envie, en exposant son texte nu, de s’exposer à un mur de soupirs? J’en doute.
J’espère que les murs tomberont en poussière. Que des critiques resteront, mais qui construisent, cette fois.