Archives des articles tagués gaston miron

0.

je lis l’avenir dans les cicatrices
ligne de désir
goutte entre les seins la main
plaque la douleur rose
spirale

ma vie à l’arrache
des drains saisissent
mon cœur armoire
y glissent
un glaçon mécanique

tout court un rien
entre deux coups
la soif pointille

comment mesurer le temps sinon
que par l’espace qu’il prend?

5.

vers
quelque part
et ton cœur
travestir miron
en une échappée

dresser ma poitrine flèche
sutures à plumes
mon moteur d’ariane
rêve de trente heures
anesthésiées

l’amour rouge uppercut
au souffle court
je fuirai encore mais
serai facile

à réparer

10.

je lis l’avenir dans les rimes turques
bpm externe
j’abats ru sur roue sous
les ornières
je sais ce qu’elles chantent

les mouettes portent
la nostalgie du bosphore
au saint-laurent
mon plexus éblouit
des masses de vapur

tous formés de lignes
avançons     les miennes
profondes plus
apparentes que

mes trajets au front

15.

ce n’est pas une guerre
secondes      contre cœur
c’est le vertige
des chambres plus grandes
que réveil

au pays de l’autre
apparier mes cicatrices
aux doigts déclencheurs
courbes sur verre boire
à ma santé

sans la peur de la mort
où est l’avenir?

on m’implante une racine
je cherche encore
son arbre centenaire

20.

*** Suite (et fin) à venir. En attendant, un poème inspiré de la poésie de Françoise Collin qui vient de paraitre dans le fabuleux all-star numéro de Françoise Stéréo. ***

Poème hommage-collage à Yolande Villemaire, fait à partir de plusieurs extraits de ses recueils et lu à la soirée de financement de la Maison de la poésie à la Maison des écrivains le 25 mars 2015, Montréal. Merci énormément à Yolande pour l’invitation.

Je marche dans Montréal en me rappelant une autre ville. New York aussi t’appelle ailleurs, à un autre grand désordre universel : le Tokyo d’avant ma naissance. Le métro aux moues hipstamatic, aux moues de vache sacrée derrière des livres aux glyphes, le métro aux couleurs gênantes est l’endroit parfait pour poser des colles à l’univers.

Dans une autre vie j’hésitais entre être un chat et jeter ma suce à la poubelle. C’est pourquoi j’hésite encore parfois entre la robe froide de sarah bernhardt et la jupe des hyènes. Même si nos villes ne s’épellent pas des mêmes couleurs, je sais qu’elles tiennent à un même fil : des pierres précieuses chauffées, roulées, étirées en correspondances secrètes passées sous l’océan.

L’air large de mon enfance est une tache de thé sur une copie d’élève, une exaltation du ph à marée basse ou des œufs mimosa en coupe. Couleur sur blanc, tout fout le camp. Pourtant tout ça nous forme : limon rosé, arbre gynécologique taggé, cobra-brossard dardé. Nous, jeunes filles, restons rouge debout.

Dans les rues de Montréal, nous tournons : caprice de voyeur. Peut-être que chaque visage vu dans le détour vaut une vie, qui sait? Peut-être que chaque histoire d’amour d’un temps vaut une vie elle aussi? Surement, en fait, que les voyages ne sont que des shutters qui claquent juste assez fort pour découper un petit bout de nous, chaque fois qu’on s’exclame.