Archives des articles tagués fatigue

sur la commode une pile de temps acheté
en forme de mains craquantes
un sel et un sucre un baume
de chocolat sur les plaies de lit

les soirs de monadnocks tombent
stalagtites dans les paumes crispées
et la nuit des livres ne s’impriment pas
ailleurs que sur nos visages pâles

étourdis sans sommeil nous colorions
un peu à côté des mots, des chiffres
et des commentaires bourrés
à qui la faute, à quoi?

lorsque nos mains lâcheront les clés en un bruit
sourds aux apostrophes nous serons
incis entre deux couvertures
les doigts tachés de temps.

It’s a soppy Monday morning —
you’re wet with rose water, and
eyedrops have left prints on
the sacks under your eyes —
photocopies
are under way,
copies of mornings to come
as if you could copy the future
(but you’re pretty sure you can).

It’s a dirty Monday morning —
your glasses are chalk-white, and
you have to roll your eyes to see him
walk in &
forget his code
with the puppiest look —
right away you’d adopt a dog
next time you’re allowed to dream
(in your office, on the floor).

It’s a crazy Wednesday morning —
your hands feel empty without coffee, and
you’d have grabbed his – instead you
only said bonjour,
but your step was sure
as you ran upstairs, racing
after the trace of him & shame
of letting your dream out of your mouth
(but maybe his is close too).

It’s a blurry Wednesday evening —
you’re clearing your ears of student voices,
practicing your own je m’appelle
in your corridor head,
till he rushes out
& your blood rushes too —
eyebrows lifted like chapeaux,
as if you could copy a pretty man’s smile
(but you can, of course).

Je m’incline sous les charges de travail et décline la fatigue sous toutes ses inflexions.

– Sous mes yeux, des demi-cercles dont les pointes tendent vers le haut, certes, mais qui au fond me creusent et m’évident. Des sourires qui m’évitent… ou plutôt, que j’évite.

– Sous mes cernes, des joues qui se serrent, des dents qui compriment de l’air au rythme des allées… et des allées. Les venues n’en sont que trop courtes.

– Sous mes joues, un cou penché vers l’avant (la fin de semaine) ou vers l’arrière (la fin de semaine) dans une rotation sans fin. Le poids et les craquements, l’éclatement.

– Sous mon cou, des épaules qui se tendent pour le saut, comme si le coeur allait exploser et qu’il fallait s’y tenir préparée. En flottement, l’indifférence.

– Sous mes épaules, une poitrine serrée de caféine et de manque de, puis une poitrine desserrée par le flot – le flux – le chosy chose là. Du mouvement perpétuel.

– Sous ma poitrine, un ventre qui a peur – de lui, de moi, des autres ventres. Des cris. Du prix des choses. Des choses de la vie.

– Sous mon ventre, le rejet de la journée de la femme.

– Sous le rejet, il y a moi. Il y a l’amour tapi qui se manifeste dès qu’il peut, dès que mes yeux sont ouverts. Il y a le sol aussi, et mon chat qui s’y tient à coeur de jour. Il y a des morceaux de coeur que je balaie le matin avec la litière. Il y a tout un réveil à construire.

Je me lève. Bon matin.