Comme plusieurs, j’aimerais avoir le beurre et l’argent du beurre. Ou plutôt, le gout et l’argent du beurre. Car le produit dans mon corps ne m’intéresse pas; seule la saveur m’importe.
(Mais l’odeur du beurre qui reste imprégnée tout autour de ma bouche après le blé d’Inde, je sais pas.)
Le Bi Luo Chun que je bois est tout en beurre. J’y goute les après-midis de fous rires arrosés de P’tit Beurré (en chinois, Dayulin). J’y goute aussi les deux biscuits Petit Beurre qu’on pouvait manger chez grand-maman, avec une salade de fruits en canne – et si on pognait une cerise, le jack pot!
Attendez, je pense que c’était plutôt des Social Thés. L’esprit est un serpent qui se mange la queue, pensai-je en me reversant une tasse.
Le gout du beurre : Montréal, toutes les théières vidées, les fous rires répandus, les crèmes glacées testées, les belles personnes checkées, les danses transées, les cafés-clopes pris sur le coin de la rue en se pensant (plus hot qu’) à Paris.
(Wait… did I just make this last one up? Oh well.)
L’argent du beurre : New York, la vue sur le pont Geo Washington Br, les cerisiers dans le parc, le marché aux puces hip de Brooklyn, les lucioles, toutes ces photos pas encore prises, et même du bon thé, maintenant.
New York, et toutes ses insécurités. New York qui veut apparemment que je reste, lui qui me bombarde d’Arcade Fire et de Bi Luo Chun.
New York, c’est l’argent qui brille sur la table comme un couvercle de théière qui nous renvoie notre sourire. Qui nous rappelle qu’on existe, et qu’on peut donc bouger, aussi. Explorer. Gouter.
Le gout du beurre s’altèrera peut-être un peu – surtout si on le laisse sur le comptoir – mais il restera là, un réconfort un peu tourné à laisser fondre dans sa bouche pour se donner du courage.