Face à l’adversité
du poids d’un dix-roues lancé
d’un chuintement aigu
contre ton moyen-petit orteil maintenant

flasque

jette l’éponge et l’alcool
sois le bouddha
qui boit la vie à même une jarre de vinaigre
ou un sachet de ketchup
lorsque la nécessité

tire toute ta douleur à la paille
et recrache-la
face contre terre

en miettes

de biscuit au beurre de pinottes
collées au sac de glace
pour qu’au moins cela tienne à quelque chose

zip
loque

ton pied aux côtés du papier
cul contre terre

cherche le rose du bout des ongles
vinaigre rose, dissolvant
laisse le vernis t’ancrer
t’instagrammer les doigts
une couche à fois

dans la lourdeur passée.

* Ce texte a été rédigé dans le cadre du Labo in situ à la Nuit blanche d’Ottawa, le 22 septembre dernier. Il a été écrit lors d’un atelier de création avec les contraintes suivantes : intégrer les objets choisis – bouddha, sachets de ketchup, papier de toilette rose – et la phrase suivante – « Pour qu’au moins cela tienne à quelque chose. » J’y raconte une mésaventure vécue le soir même, à savoir un écrasement d’orteils par un triporteur. Heureusement, mon orteil a survécu.*