Archives des articles tagués japonais

Titre qui ne dit rien, s’il en est un. Surtout pas sur le contenu, qui ne sera pas qu’anglais, n’en déplaise à mes lecteurs occasionnellement unilingues.

I was not made for writing tonight. But wine and Interpol have put my back to it.

Je me suis faite évitante du thème de ce blogue, récemment. J’ai tenté de (et réussi à) fuir le Japon, mais il m’avait tendu un guet-apens : me revoilà la langue dans les pattes, les mains pus faites à mais prises dedans, prepositions and postpositions all in the wrong places.

On me dit que ma passion pour le Japon ressort de mes trous, parait. (Could it be that it’s what I’m trying to hide under not-so-Japanese-at-all food, down my gulping system?) Et ça me dérange. Parce que le japonais en moi n’est même pas japonais, à la rigueur. Mais ça, tout le monde s’en fiche, puisque le québécois en moi n’est pas québécois non plus, il n’est qu’une intériorisation imparfaite, loin de l’image mais près du coeur, loin de la tête, le plus loin possible.

Mon identité est tracée à grands traits de goudrons, and I can’t get away from that.

Voilà pourquoi je me lance, peut-être : afin de me défaire de ces morceaux d’identité lourde, de ces pavés de béton.  Ce cahier sera mon excuse : « Pardonnez-moi d’être moi, c’était trop dur, maintenant c’est fait, let’s jump forward to something else. » And you won’t even believe me, ’cause everything you will have seen will be new to you. Or it will fit exactly your idea of me.

Mais j’étais déjà. Et je suis… en construction. Un construit. Comme un livre. Comme une identité de personnage, qui se perd si l’auteur n’arrive pas à suivre le fil qu’il a lui-même tracé d’un chapitre à l’autre.

I got lost on the way. Where was I going already? Or: Where was I coming?

To me… Where else? To (erase, eradicate, exacerbate) the Japanese part of me.

La discussion interne semble prometteuse. Je regrette de ne vous en laisser qu’un tas de mots poétiques, toujours aussi loin de la concrétude. Je ne peux faire mieux : le vin m’achève. But don’t worry: J’aurai toujours des ressources. Toujours les mêmes, direz-vous, mais ce n’est pas parce que je n’essaie pas.

So see me come out of my shell, and try to understand, or me, or the shell. Japanese wasn’t made for me either.

Nor was I made for keeping words down.

J’ai envie de vous partager un texte que j’ai écrit alors que j’étais encore au Japon. Question de mélanger les inattentifs. Question de croire que j’y suis encore. Question de remplir du blanc de blogue avec du recyclage de textes. Question d’avoir l’air prolifique.

Ce texte étant plus long que d’ordinaire, je vais le publier en plusieurs coups pour ne pas vous écoeurer. Voici.

« Ah, le Japon. L’exotisme, l’incompréhension, le hors-de-soi. La fonte.

Le japonais a beaucoup de mots : mots sucrés criés de tous les comptoirs des cafés, mots englués dans les pages du Japanese Language Proficiency Test, mots qui collent tous invariablement à la même traduction anglaise ou française. J’avais envie de posséder tous ces mots, comme si le seul fait de les prononcer me ferait apparaître des réalités toutes neuves. Bien sûr, ils l’ont fait, parfois. Mais trop souvent, ils n’ont réussi qu’à me toquer et à me donner envie de vomir. Des mots, évidemment. Je ne peux vomir rien d’autre.

Parce que mon histoire d’amour-haine avec le Japon court main dans la main avec celle qui sévit entre la bouffe et moi. Une longue course à obstacles où excès succèdent forcément à effacements. Le Japon sera toujours là, la bouffe aussi. Que cela me plaise ou non.

Je voudrais être capable de commencer par le début, par mes yeux de jeune fille émerveillée, par le retour au point zéro qui devrait suivre tout bon foreshadowing, par les débuts et non les fins de parenthèses, mais je n’y arrive pas. Veuillez donc pardonner, je vous en conjure, chers lecteurs, le fil inconducteur de mes propos. Il finira bien par nous mener quelque part, j’ai confiance, si vous ne l’avez pas. »

Suite la semaine prochaine, où lorsque ça me chantera.