Et ça continue. On est dure ou on ne l’est pas. Voici un moment de dureté étalé spécialement pour vous.
» Ou peut-être suis-je une Japonaise folle? Les nouvelles me rassurent : aucune grande femme brune n’a torturé ni molesté personne. Ni entraîné personne avec elle par-dessus la rambarde.
J’aimerais pourtant disparaitre, parfois. Mais avec fracas et glamour… Fondre sous les yeux des projecteurs. Être scandaleusement mince, même pour une Japonaise. Comme avant, quand j’étais belle et inaccessible.
Enfin, j’y touche, à ce Japon paradisiaque comme un magazine glacé. Vite, avant qu’il ne me glisse entre les doigts…
Le Japon m’a rendue remarquable. Il m’a prouvé, par la force des choses, que la minceur coïncidait avec la beauté. Que j’étais extraordinaire. Que j’étais forte. Que j’étais assez forte, en fait, pour n’avoir besoin – ni même envie – d’un homme. Car malheureusement, le Japon me fournissait les regards mais pas les mains. Ni même les bouches.
Mais de toute façon, qui a besoin de l’attention d’une seule personne alors que le monde entier l’adule – ou l’adulerait, du moins, s’il la rencontrait?
Cependant, j’allais de perte en perte. J’avais fait un tas de gras dans un coin de ma chambre, auquel je ne devais toucher en aucun cas. Un tas de larmes, aussi, à côté, de sorte que mon corps sec et dur craquelait au froid.
Mais qu’est-ce que perdre à côté de gagner? Un frêle squelette inutile. Une perte totale. Comme moi. Comme celle que tu ramasses d’un air victorieux. »
À suivre, ou pas.